Reportage "La liste d'exemptions est beaucoup trop longue" : la fin de l'emballage plastique pour les fruits et légumes peine à s'instaurer

La loi a été votée en 2022 et devait entrer en vigueur en juin dernier, mais les producteurs et industriels ont obtenu six mois supplémentaires pour écouler leurs stocks.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des légumes emballés sous plastiques dans un supermarché, à Valence (Drôme), le 30 décembre 2021. (Photo d'illustration) (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS)

Malgré l'interdiction depuis lundi 1er janvier portant sur les emballages plastiques de fruits et légumes, il suffit de regarder de plus près les rayons pour y trouver des poivrons vendus par deux ou trois dans des sachets en plastique. Et lorsqu'on demande aux clients s'ils voient un changement en supermarché, le verdict est sans appel. "Au niveau des légumes, je trouve qu'il y en a encore plus de plastique que pour les fruits", témoigne une cliente. "Oui il y a les poivrons, les salades, les carottes... Il y a pas mal de trucs", répond une autre.

Les carottes primeur, justement, font partie des 29 produits qui échappent à cette nouvelle règle. Dans cette liste, on retrouve aussi les pommes de terre primeur, les endives ou encore les salades et les baies type framboise car ces aliments sont jugés trop fragiles. Producteurs et industriels ont donc obtenu qu'ils puissent être laissés sous sachets plastiques. Un argument que ne comprennent pas certains consommateurs. "Le plastique est beaucoup trop présent, considère un passant. C'est sûr que plus on limite, mieux c'est". "Non, ça, c'est du n'importe quoi, ça ne préserve rien du tout. Ça les fait pourrir plus vite", rétorque une dame.

L'Italie freine sur la mesure au niveau européen

Ce décret modifié entre en vigueur avec six mois de retard selon Manon Richert, la responsable communication de l'association Zero Waste France, qui considère que le gouvernement a cédé face aux lobbies du plastique. "En l'état, la liste d'exemptions est beaucoup trop longue, explique-t-elle. Ça ne permettra pas d'atteindre l'objectif zéro plastique à usage unique d'ici 2040, ni même le pallier intermédiaire en 2025, d'une réduction de 20%". Selon l'association écologiste, qui veut favoriser le vrac et le réemploi, il est donc impossible dans ces conditions d'atteindre les objectifs. 

Et cette mesure est d'ores et déjà en danger car remise en question par le Parlement européen. Un pays en particulier mène la fronde contre la France : "L'Italie estime qu'elle a énormément investi dans des capacités de recyclage et ne souhaite pas revenir en arrière sur ses investissements", relate Manon Richert. La bataille autour du plastique doit reprendre à Bruxelles le 10 janvier. 

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