"Sectaire", Airparif ? L'association répond à Ségolène Royal
La ministre de l'Ecologie estime aussi que les chiffres de l'association sont "totalement faux".
Ségolène Royal fait feu de tout bois pour justifier son intention de revenir sur l'arrêté interdisant les feux de cheminée en Ile-de-France. Interrogée sur BFMTV mardi 16 décembre, la ministre de l'Ecologie a fustigé Airparif et ses "chiffres complètement faux qui attribuaient aux feux de cheminée la pollution majeure sur l'Ile-de-France".
La ministre a aussi estimé que l'association était "un peu trop sectaire sur la question de la prise en compte de la pollution de l'air", avant de demander que l'on arrête "d'embêter les gens". Francetv info a interrogé Karine Léger, chargée de la surveillance de la qualité de l'air chez Airparif.
Francetv info : Que répondez-vous à Ségolène Royal qui vous qualifie de "sectaire" ?
Karine Léger : Je n'ai pas de commentaire à faire sur le terme "sectaire", je rappelle juste que nous sommes une association indépendante, qui travaille avec des experts scientifiques internationaux. Nous ne sommes pas à l'origine de la règlementation. Dans le cas de l'interdiction des feux de cheminée en Ile-de-France, la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie (Driee) a élaboré un plan pour l'air dans lequel figure cette mesure et là, c'est la préfecture qui a décidé de prendre un arrêté. Nous nous contentons de réaliser les études. Il y a un intérêt à séparer l'expertise et la prise de décision.
Ségolène Royal affirme que vos chiffres sont "totalement faux"...
Sur l'étude de 2011 citée par la ministre de l'Ecologie, nous avons collaboré avec des scientifiques espagnols, anglais ou encore allemands. Je le redis : la pollution aux particules causée par le chauffage au bois est loin d'être négligeable.
Certes, cela représente 4% lors des mesures réalisées près du périphérique et de grands axes de circulation en Ile-de-France. Mais le chiffre atteint 10% en zone résidentielle. Et concernant le chiffre de 23% évoqué par la ministre, il ne vient pas de chez nous mais d'une interprétation de notre étude [voir l'article de Metronews sur le sujet].
Comment accueillez-vous la décision de la ministre de revenir sur l'interdiction des feux de cheminée ?
Juste un rappel : le chauffage au bois des foyers ouverts (à ne pas confondre avec les systèmes fermés plus performants) est une source de pollution aux particules connue depuis longtemps. De nombreuses études le démontrent. Un à trois millions de personnes sont exposées à des niveaux de pollution qui ne respectent pas les règlementations européennes. La commission de Bruxelles poursuit la France devant la justice européenne pour non-respect des valeurs limites de particules fines PM10, imposées par la directive "Air".
Si l'arrêté sur les feux de cheminée est supprimée, toute la question est de savoir si d'autres dispositifs viennent changer la situation actuelle de la pollution de l'air, car il est nécessaire d'agir sur les différentes sources de pollution.
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