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Sommet pour un nouveau pacte financier mondial : "L'attente est légitimement très forte", assure Cécile Duflot, directrice d'Oxfam

Oxfam a estimé que d'ici 2030, on avait besoin de 27 000 milliards de dollars, indique la directrice de l'ONG, vendredi sur franceinfo, avant d'ajouter que "nos pays occidentaux, pendant le Covid, ont dépensé en 2020, 28 000 milliards de dollars, donc ce n'est pas inaccessible".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Cécile Duflot, invitée de franceinfo, mardi 17 mai 2022. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"L'attente est légitimement très forte", a déclaré vendredi 23 juin sur franceinfo Cécile Duflot, directrice d'Oxfam, ONG qui lutte contre les inégalités, alors qu'un sommet se tient à Paris, depuis jeudi 22 juin, pour un nouveau pacte financier mondial. Lors de ce sommet, Emmanuel Macron a appelé à un "choc de financement public" face au dérèglement climatique et à la pauvreté qui touchent le développement des pays du sud.

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Que pensez-vous de ce sommet ?
On peut saluer à la fois l'existence de ce sommet et l'agenda des débats et être un peu inquiet sur le fait que si ce sommet ne se traduit pas par de réels engagements, qui eux-mêmes se traduiront en actes, on créera de nouvelles déceptions parce que l'attente est légitimement très forte.

Est-ce la première fois qu'on parle de justice dans un tel sommet ?
Ce qui est nouveau, c'est qu'on dit que la manière dont on régule la finance mondiale, la lutte contre la pauvreté est injuste parce qu'elle est organisée par les pays du Nord et à leurs profits. Le FMI et la Banque mondiale sont gouvernés et gérés par ceux qui ont contribué à les mettre en place, à une époque où plein de pays du Sud n'existaient pas parce que c'étaient des colonies. Ceux qui sont les principales victimes, les habitants des pays du Sud, ne sont pas du tout responsables des gaz à effet de serre.

Est-ce que ce sont uniquement les pays riches qui doivent payer ?
Le débat est là et c'est l'intérêt de ce sommet. Il vaut mieux en discuter plutôt qu'il y ait un ressentiment ou une demande de comptes plus brutale. La dirigeante de la Barbade a pris la tête d'une initiative pour dire que cela ne pouvait plus durer comme ça. Elle le dit de façon un peu simple. Si des gens jettent des détritus dans votre jardin, c'est à eux de payer le fait de les enlever pas à vous. C'est exactement la même chose avec le dérèglement climatique. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on est tous embarqués sur une seule planète et on ne pourra pas dire qu'on reste dans notre coin. Cela ne marche pas parce qu'on est Français, Européens, mais tous terriens autant que les habitants de la Barbade, du Botswana ou des Etats-Unis.

À combien estimez-vous les besoins financiers ?
Oxfam a estimé que d'ici 2030, on avait besoin de 27 000 milliards de dollars. Cela semble énorme. Mais nos pays occidentaux, pendant le Covid, ont dépensé en 2020, 28 000 milliards de dollars. Donc, ce n'est pas inaccessible.

"Chaque année depuis dix ans, on dépense 11,5 milliards pour aider les pays du Sud à s'adapter au changement climatique. C'est un quart de ce que dépensent les familles américaines pour nourrir leurs chats et leurs chiens."

Cécile Duflot, directrice d'Oxfam

sur franceinfo

On est dans des ordres de grandeur qui sont accessibles et d'ailleurs dans les débats récents personne ne dit que c'est un problème de financement, tout le monde dit que c'est un problème de choix politique, de décision et d'action. Si on ne dépense pas cet argent, cela coûtera au moins 20 fois plus cher. Donc, soit on agit et ça coûte cher, soit on n'agit pas ça coûte encore plus cher.

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Faut-il contraindre le secteur privé à agir ?
Évidemment, il faut qu'on ait cette trajectoire qui fait baisser les émissions. On n'est pas du tout à l'échelle de ce que les scientifiques nous disent qu'on doit faire. On peut réfléchir à la taxation, notamment, des compagnies pétrolières parce que les principales responsables, ce sont les émissions de gaz à effet de serre issues de la combustion des ressources fossiles. La question de la contribution du transport maritime est posée et celle des grandes fortunes.

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