Trois questions sur la publicité sur les trottoirs, désormais autorisée dans certaines villes
Selon un décret publié dimanche 24 décembre au journal officiel, Bordeaux, Lyon et Nantes vont tester les publicités éphémères sur les trottoirs.
C'était l'un des derniers espaces publics interdits à la publicité. Les villes de Bordeaux, Lyon et Nantes peuvent tester depuis lundi les marquages publicitaires éphémères sur les trottoirs, selon un décret publié dimanche 24 décembre au Journal officiel. Cette expérimentation "déroge à plusieurs règles du Code de la route et du code de l'environnement", souligne le décret, puisque ces codes "interdisent d'apposer des marquages publicitaires sur les trottoirs".
Franceinfo vous explique cette nouveauté critiquée par les associations anti-pub.
Quelles sont les règles ?
Cette expérimentation est encadrée par des règles précises. Les publicités ne doivent pas diminuer les caractéristiques d'adhérence du sol. Ces publicités ne pourront pas rester plus de dix jours ni excéder 2,50 m2, indique le décret, et devront être éloignées les unes des autres d'au moins 80 mètres. Une évaluation aura lieu tous les six mois pendant la période d'expérimentation à l'intérieur de ces trois agglomérations, et sera suivie d'un rapport final qui devra préciser combien d'annonceurs y auront eu recours.
Ce rapport devra également indiquer "la mesure d'un éventuel lien entre accidents de la route et présence des marquages sur les trottoirs", un "éventuel lien" avec des chutes de passants sur les trottoirs concernés, l'opinion des riverains ou encore "les différentes techniques employées au regard notamment de l'effacement ou de la disparition effectifs des marquages au bout de dix jours". Le gouvernement se réserve le droit "à tout moment" de suspendre l'expérimentation ou d'y mettre un terme.
Ces marquages sont-ils polluants ?
Le décret stipule que ces marquages doivent être réalisés "par projection ou application, à travers un pochoir, d'eau ou de peintures biodégradables". En théorie, ces publicités ne devraient donc pas polluer l'environnement. Sur son site, l'une des entreprises du secteur explique utiliser de l'"eau fluviale non-potable" et des "matériaux naturels" pour ses publicités.
Quelles sont les réactions ?
Porte-parole de l'association Résistance à l'agression publicitaire, Khaled Gaiji dénonce sur franceinfo une "pollution supplémentaire". "Le dispositif peut être propre, mais son objectif est très sale (...) Notre environnement mental et paysager est envahi par ces publicités, estime le militant. Nous demandons à ce qu'on laisse des espaces libres de tranquillité, sans injonction à consommer."
A l'inverse, cette expérimentation réjouit Tanguy Bard de Coutance, directeur associé de Biodégr'AD, une entreprise spécialisée dans les peintures biodégradables. "Cela va permettre de dissiper le flou juridique, en amenant du concret, quelque chose d'encadré. On va pouvoir être intégré aux plans locaux de publicité, payer des redevances et d'avoir un support légitime, qui a toute sa place", a-t-il expliqué à France 3. Jusqu'ici, les annonceurs s'y livraient de manière illégale. En 2015, comme le raconte Le Parisien, la ville de Paris avait dû taper du poing sur la table pour limiter cette pratique.
La mairie de Bordeaux (Gironde) a fait part de sa surprise et s'est montrée critique à la lecture du Journal officiel, rapporte Sud Ouest. "Les élus et administrations de la Ville de Bordeaux et Bordeaux Métropole n’ont, à aucun moment, été consultés ou informés en amont de cette décision", explique-t-elle dans un communiqué. "La Ville de Bordeaux demeure donc dans l’attente de précisions quant à l’utilité d’une telle décision et des conditions de son application", a-t-elle ajouté.
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