Vignes et écoles : une cohabitation difficile
Léognan : charmant village entouré de vignes, avec les grands crus Pessac-Léognan. Une partie des vignes sont juste à côté des paniers de basket de la cour du groupe scolaire Jean Jaurès. Le groupe accueille plus de 300 enfants. Une quarantaine de parents d’élèves viennent de créer un collectif alerte pesticide. "On essaye de tout faire avant qu’il y ait des enfants malades. On ne peut laisser des produits chimiques qui sont quand même des perturbateurs endocriniens rentrés dans le corps de nos enfants ", explique Elise Meunier, maman d’une petite fille scolarisée en maternelle à Léognan.
Elise reconnaît avoir quitté l’air -pollué- de la ville il y a deux ans pour découvrir celui de la campagne. Mais ce n’est pas une raison pour rester les bras croisés, selon elle. D’autant que l’association des parents d’élèves FCPE et la mairie essayaient déjà depuis deux ans de mettre en place une charte de bonnes pratiques avec les châteaux voisins pour faire une haie entre l’école et les vignes, pour passer une partie des parcelles en bio, pour épandre en dehors du temps scolaire. "Rien n’avait beaucoup avancé avant l’intoxication des enfants à Villeneuve-de-Blaye ", explique Emmanuelle Reix, porte-parole du collectif. "Nous avons demandé de confiner les enfants si les tracteurs venaient traiter les vignes. Cette mesure n’est pas la solution. Il faut que le législateur s’empare de cette question ", poursuit-elle. Justement après l’affaire de Villeneuve, la ministre de l’environnement Ségolène Royal a proposé d’interdire les épandages à moins de 200 mètres des écoles. Une mesure qui reste en discussion.
3.000 hectares concernés
La préfecture de Gironde s’est empressée de faire un recensement des sites sensibles : c'est-à-dire des écoles ou centre de loisirs qui jouxtent des vignes. Près de 3.000 hectares de vignobles seraient concernés. Il faut dire que l’urbanisation a gagné du terrain. Léognan était un village viticole de 5.000 habitants seulement il y a 40 ans aujourd’hui c’est devenu la grande banlieue de Bordeaux avec le double de population. "Ce n’est pas parce qu’il y a un chauffard que l’on interdit les voitures à proximité des écoles ", explique de son côté Philippe Bardet, vigneron à Castillon près de Saint-Emilion.
Quand un jeune couple avec des enfants est arrivé de Bordeaux dans son village, il a proposé de planter une haie entre ses parcelles et leur jardin pour éviter les problèmes de voisinage. Pour lui, ce qui s’est passé à Villeneuve ne doit pas servir à punir toute la profession. "Il y a des solutions qui existent : des haies de protection, des buses anti dérives et surtout ne pas pulvériser quand il y a du vent ", insiste-t-il.
Selon les premiers éléments de l’enquête les viticulteurs en cause dans l’intoxication des enfants à Villeneuve-de-Blaye auraient épandu leurs produits alors que le vent soufflait à plus de 19 km/h. Or c’est interdit. La Sépanso, association environnementale de la région, a décidé de porter plainte. "A partir du moment où des produits phytosanitaires se retrouvent en dehors de la parcelle, la législation n’est pas respectée ", explique son avocat François Ruffié. Selon lui, la plupart des viticulteurs respectent la loi mais lorsqu’il y a infraction il ne faut pas la laisser passer. Les problèmes de voisinage se sont multipliés aussi ces dernières années à cause de l’urbanisation des campagnes, les élus locaux et la préfecture cherchent aujourd’hui à apaiser les conflits pour éviter aussi plus de contraintes pour la profession.
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