Espagne : Pedro Sanchez obtient l'appui controversé de l'indépendantiste catalan exilé Carles Puigdemont en vue de se maintenir au pouvoir
C'est ce qu'on appelle un tour de force politique. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a signé, jeudi 9 novembre, un accord du parti de l'indépendantiste catalan Carles Puigdemont. Leur soutien, indispensable à sa reconduction au pouvoir, a été obtenu en échange d'une loi d'amnistie très controversée qui fait monter la tension dans le pays.
Pedro Sánchez, qui est à la tête du gouvernement espagnol depuis juin 2018, est en passe de réussir son pari de se maintenir au pouvoir après avoir fait mentir les sondages qui prédisaient sa déroute lors du scrutin législatif du 23 juillet. Le socialiste avait finalement résisté mieux que prévu face à son rival conservateur du Parti Populaire, Alberto Núñez Feijóo, arrivé en tête du scrutin, mais qui a été dans l'incapacité de se faire investir Premier ministre fin septembre, faute de majorité au Parlement.
Une majorité potentiellement instable
En échange des voix indispensables des députés indépendantistes catalans, Pedro Sánchez a dû céder face à leur exigence d'une loi d'amnistie pour leurs dirigeants et militants poursuivis par la justice espagnole en raison de leur implication dans l'organisation d'un référendum sur l'indépendance de la Catalogne en 2017, que la justice espagnole considère comme une tentative de sécession.
Le chef d'Etat avait déjà gracié, en 2021, les dirigeants séparatistes condamnés en 2019 de lourdes peines de prison pour leur rôle en 2017. Mais cette nouvelle concession du socialiste aux indépendantistes catalans a fait monter la tension d'un cran dans le pays.
Droite et extrême droite ont manifesté à plusieurs reprises pour dénoncer un "scandale". Les rassemblements de l'extrême droite devant le siège du Parti socialiste à Madrid se sont terminés en échauffourées avec la police, lundi et mardi.
Une fois réinvesti Premier ministre, Pedro Sánchez devra composer avec une majorité qui s'annonce instable. En effet, le parti de Carles Puigdemont et les nationalistes basques du PNV, très proches du monde de l'entreprise, auront notamment du mal à voter la réduction de la semaine de travail à 37,5 heures, mesure phare de l'accord de gouvernement entre les socialistes et leur principal allié, la plateforme de gauche radicale Sumar. L'accord signé jeudi doit assurer "la stabilité [du gouvernement] durant la législature de quatre ans", a assuré un haut dirigeant et négociateur socialiste, Santos Cerdán.
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