Espagne : Rajoy déchu, "des contradictions politiques majeures" pour Pédro Sanchez, son successeur
Le chef du gouvernement espagnol a reconnu vendredi sa défaite face à la motion de censure socialiste adoptée par les députés. Son successeur fait face à un défi colossal.
Le conservateur Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol depuis 2011, cède sa place au socialiste Pedro Sanchez, après l'adoption ce vendredi 1er juin d'une motion de censure votée par une majorité de 180 députés sur 305. Mariano Rajoy paye pour son parti, le Parti populaire, impliqué dans un scandale de corruption.
Benoît Pellistrandi, historien et spécialiste de l’Espagne contemporaine, explique sur franceinfo la "difficulté de gouverner" dans laquelle se trouve à présent le successeur de Rajoy, qui "ne dispose que de 84 députés sur une chambre qui en compte 350."
"Pedro Sanchez arrive au pouvoir avec des contradictions politiques majeures", ajoute-t-il, car sur la question du budget, à titre d’exemple, le nouveau chef du gouvernement "a annoncé qu’il mettrait celui de Mariano Rajoy en œuvre afin d’assurer les votes décisifs des députés nationalistes basques, qui l’avaient voté la semaine précédente", alors que le parti socialiste l’avait pourtant "absolument condamné."
Un nouveau gouvernement très fragile
Le nouveau président du gouvernement espagnol va à présent faire face à ce qui était "le grand argument de Mariano Rajoy", précise Benoît Pellistrandi, à savoir l’impopularité du PS, "qui a obtenu en 2016, les plus mauvais résultats de l’histoire du parti depuis 1977."
"Les deux grands partis qui, jusqu'à présent, ont fait vivre la démocratie espagnole", l’un extrêmement "affaibli" et l’autre "traumatisé par la perte de pouvoir dans des conditions auxquelles il ne s’attendait pas", ajoute-t-il, "se retrouvent en réalité alliés pour retarder au maximum les élections". Le président déchu tentera alors "de devenir chef de l'opposition, condamner la manière dont le PS est arrivé au pouvoir, pour essayer de mettre fin à l'exode des électeurs du Parti populaire vers le parti centriste", conclut l'historien.
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