ETA rend ses armes à l'État : "Le meilleur moyen de tourner la page de la violence"
ETA a donné samedi une liste de plusieurs caches d'armes aux autorités. Pour Jean-Pierre Massias, spécialiste de l'organisation séparatiste basque, ce désarmement est le "meilleur moyen de tourner la page de la violence".
Comme promis, l'organisation séparatiste basque ETA (Euskadi Ta Askatasuna), a fourni, samedi 8 avril, une liste de caches d'armes aux autorités françaises. Pour Jean-Pierre Massias, professeur de droit à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour et spécialiste de l'ETA, rendre les armes est "le meilleur moyen de tourner la page de la violence".
franceinfo : Que va-t-il se passer ce samedi ?
Jean-Pierre Massias : Le groupe ETA va mettre à la disposition de la justice et de l'État tout son stock d'armes. Il va donc devenir une organisation désarmée, alors qu'elle avait renoncé à la violence en 2011. Cette mise à disposition des armes est faite pour avancer dans le cadre d'un règlement de conflit qui a eu lieu au Pays basque depuis les années 60.
Quels types d'armes seront rendus ?
Des explosifs, des armes de poings... C'était une organisation à haut potentiel armé. Mais la principale composante de cette restitution, ce sera des explosifs puisque les attentats à la bombe ont été une activité importante de l'ETA.
Pourquoi rendre les armes aujourd'hui, six ans après l'annonce du cessez-le-feu de la part de l'ETA ?
La logique aurait été que les armes aient été restituées plus tôt. Mais il y a deux facteurs d'explications : jusqu'à la déclaration de 2011, le processus a été totalement unilatéral, l'ETA, sans négociation, a renoncé à la violence. Après 2011, la phase était plus complexe. Face à cette renonciation à la violence, on pensait que des 'pas' seraient faits par le gouvernement pour libérer des prisonniers basques. ETA est une organisation ancienne qui n'a plus de potentiel militaire. La violence n'est plus un vecteur considéré comme légitime et efficace. Le mouvement a commencé dans les années 60. Il participait à la lutte contre le franquisme. Les militants étaient alors des héros. Mais l'activité violente a perduré. Et les membres de l'ETA sont passés du statut de guérilleros au statut de terroristes. Aujourd'hui, l'organisation a l'occasion de faire la lumière sur tout ce qui s'est passé. La violence n'est ni justifiable ni efficace ni acceptable. Rendre les armes est le meilleur moyen de tourner la page de la violence.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.