France-Espagne : l'hôpital de Cerdagne, concrétisation du rêve européen
Il est né le 21 septembre 2014, et il est le premier bébé né dans l'hôpital de Cerdagne. Il est français. Le deuxième, qui l'a suivi de quelques instants, était espagnol. Ces deux bébés ont étrenné le tout nouveau service maternité, qui comprend deux salles d'accouchement, de l'hôpital de Cerdagne.
Il s'agit d'une structure hospitalière se trouvant sur la commune espagnole de Puigcerda, à quelques encablures du village français de Bourg-Madame. La vallée pyrénéenne est à 1200 mètres d'altitude à cheval sur la France et l'Espagne. Un vrai soulagement pour les 32.000 habitants de cette vallée catalane, qui peut être très compliquée d'accès voire isolée en hiver.
L'hôpital flambant-neuf a été imaginé dès janvier 2003. Le 10, un protocole d'accord a été signé entre la Generalitat de Catalunya et le conseil régional du Languedoc-Roussillon. Après un long processus de concertation, d'études de faisabilité et et de tractations, il a été établi que l'Europe subventionnerait 60% du coût global de la construction. La France prendrait alors à sa charge 40% et la Catalogne 60% du financement restant. La facture sera de 31 millions d'euros.
Si ce centre hospitalier est avant tout à destination des habitants, les 150.000 touristes des stations pyrénéennes alentours sont aussi pris en compte. C'est pour cela qu'à brève échéance, il sera spécialisé dans la médecine du sport.
En février 2011, il a été établi que son rayon d'action comprendrait la Cerdagne espagnole, la Cerdagne ainsi que le Capcir français. En juillet 2012, les travaux sont terminés, il reste a équiper le bâtiment. Le credo est de prendre le meilleur des médecines pratiquées en France et en Espagne. Les équipes sont recrutées dans les deux pays. On y parle le français, l'espagnol et le catalan. Les deux systèmes de santé y cohabitent malgré quelques différences de fonctionnement. D'un côté, un appareil administratif catalan géré par les fonds de l'Etat espagnol (transférés à la Catalogne) et s'appuyant sur un personnel médical salarié et de l'autre, le système français, financé par la Sécurité sociale, avec un principe de mixité entre professionnels salariés et libéraux.
Il existe bien quelques soucis issus de cette situation inusitée. Ainsi, Iñigo Soteras, un médecin espagnol de 41 ans, déplore que «quand une personne meurt à l'étranger, on doit la transférer vers son pays. Cela coûte cher et c'est compliqué, même quand il s'agit de parcourir 500 mètres entre deux localités frontalières.» Plus anecdotique quoiqu'aussi ubuesque les parents français de Cerdagne devront déclarer leur enfant né à la maternité transfrontalière aux services d'état civil... de Nantes.
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