Inondations en Espagne : le réchauffement climatique a rendu les pluies sur Valence 12% plus violentes et deux fois plus probables, selon une première analyse
L'armée en renfort face à une situation apocalyptique. La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a annoncé l'arrivée de 500 soldats supplémentaires dans le sud-est de l'Espagne, en renfort des 1200 déjà présents, pour participer aux opérations d'aide aux victimes des inondations meurtrières de cette semaine. Selon un nouveau bilan provisoire des services de secours, vendredi 1er novembre, au moins 205 personnes ont péri dans les inondations, dont 202 pour la seule région de Valence.
Or, trois jours après les inondations meurtrières en Espagne, provoquée par le phénomène météo de la "Dana" (pour "depresión aislada en niveles altos", dépression isolée à haute altitude en français), des scientifiques ont commencé à étudier le lien entre les pluies diluviennes sur la région de Valence et le réchauffement climatique. Les premières conclusions du World Weather Attribution mettent en lumière que "le changement climatique est l'explication la plus probable" à la violence des intempéries en Espagne.
Une ampleur jamais connue
Selon l'Aemet, l'institut de météorologie espagnol, plus de 300 litres d'eau par mètre carré (soit 30 cm) sont tombés dans la nuit de mardi à mercredi dans plusieurs villes de la région de Valence, avec une pointe à 491 litres/m2 (49,1 cm) dans le petit village de Chiva, soit l'équivalent d'une année de précipitations.
Si la région de Valence et la côte méditerranéenne espagnole en général subissent régulièrement, en automne, le phénomène dit de la "goutte froide", une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours. Mais le phénomène n'avait jamais atteint une telle ampleur.
Selon cette analyse, les pluies diluviennes qui ont frappé l'Espagne ont ainsi été 12% plus importantes et deux fois plus probables que si le climat ne s'était pas réchauffé. Pour cela, le réseau de scientifiques a comparé les intempéries de mardi 29 novembre aux données climatiques passées, notamment celles de l'ère pré-industrielle (entre 1850 et 1900) quand la Terre était 1,3 degré moins chaude qu'aujourd'hui. Leur conclusion est que "les observations météorologiques historiques indiquent que les précipitations en rafale d'une journée dans cette région augmentent à mesure que les émissions de combustibles fossiles réchauffent le climat".
Une étude plus complète est attendue dans les prochaines semaines pour préciser ces résultats, mais ils ne sont pas surprenants : il est en effet établi que dans une planète plus chaude, l'atmosphère est davantage chargée en humidité. De fait, il y existe un potentiel de pluie plus important. Ce que confirme également une analyse du Climate Centrale. Selon cet autre groupe de scientifique, l'océan Atlantique, et pas seulement la Méditérannée, a aussi chargé l'air en humidité à cause de températures anormalement élevées pour la saison, une conséquence du réchauffement climatique.
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