Reportage "C'est très dur, c'est un cumul d'émotions..." : après les inondations meurtrières en Espagne, le traumatisme psychologique des rescapés

Alors que l'aide peine à arriver dans toutes les zones sinistrées, dans la région de Valence de nombreux rescapés souffrent de séquelles psychologiques à cause de l'effet de surprise. Des traumatismes qui risquent d'avoir des effets à long terme.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une femme se repose à côté d'affaires de nettoyage à Sedavi, près de Valence, dans le sud-est de l'Espagne, le 5 novembre 2024. (JOSE JORDAN / AFP)

En Espagne, une semaine après les inondations meurtrières, qui ont fait au moins 219 morts, le gouvernement de Padro Sanchez a dévoilé un plan d'aide de plus de 10 milliards d'euros pour les dizaines de milliers d'habitants et entreprises sinistrés du sud-est du pays. 

Alors que l'aide peine à arriver partout et que l'exécutif comme le gouvernement local sont vivement critiqués pour leur gestion de la crise, une autre donnée préoccupe : la santé mentale des rescapés qui, pour beaucoup, continuent de nettoyer eux-mêmes leurs habitations. Dans ces communes dévastées près de Valence, le traumatisme psychologique est évident.

"J'ai perdu toute mon histoire"

Les yeux humides, José Luis contemple son entrepôt dévasté. "C'est très dur, c'est un cumul d'émotions, lâche-t-il. Où que tu ailles, tu trouves des drames humains qui sont indicibles. À chaque coin de rue, tu peux voir un drame. Il y en a une infinité." Des drames soudains, la perte d'un proche, d'une maison, d'une entreprise... Francisco serre sa petite fille dans ses bras. "Sa maison est complètement noyée. L'autre jour, elle me disait : 'J'ai perdu toute mon histoire'." Il en a perdu le sommeil. "Si tu dors, c'est par épuisement, parce que tu es exténué, exténué de penser, de regarder, d'impuissance", ajoute-t-il.

Laetitia Pellicer Bossis, psychologue clinicienne et tutrice du master de psychologie à l’Université de Valence, passe depuis des jours son temps sur le terrain. Elle y rencontre la détresse de ceux qui ont frôlé la mort, comme ces femmes.

"Elle est restée pendant trois jours sous l'eau, avec sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer"

Laetitia Pellicer Bossis

à franceinfo

"Elle téléphonait aux urgences, et les urgences leur demandaient s'il y avait un corps près d'elles, décrit la spécialiste. Effectivement non, donc ils n'ont pas jugé ça grave, ils disent qu'ils ne peuvent pas y aller." Des séquelles psychologiques accentuées par l'effet de surprise.

"Leur système de vigilance n'était pas prêt pour recevoir cet impact", poursuit la psychologue. Elle craint des effets à long terme, avec aussi la perte d'emploi et l'isolement social surtout des personnes âgées. Elles sont déjà nombreuses à ne plus vouloir ou pouvoir sortir de chez elles.

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