38 ans après : la vérité sur le "Bloody Sunday"
Le dimanche 30 janvier 1972, c'est jour de manifestation à Londonderry. Des catholiques, qui réclament l'indépendance de l'Ulster, défilent dans les rues de cette ville d'Irlande du Nord. Le pays est tiraillé par un conflit interreligieux entre catholiques indépendantistes et protestants unionistes.
_ L'intervention de l'armée tourne au drame. Les parachutistes britanniques ouvrent le feu. 13 manifestants sont tués, un quatorzième décèdera cinq mois plus tard des suites de ses blessures.
Une enquête est immédiatement ouverte. Rapidement, elle exonère l'armée. Elle estime que les militaires n'ont fait que riposter au feu des manifestants. Pourtant, sur les lieux, aucune arme n'est retrouvée, aucun soldat n'a été blessé.
Ce Bloody Sunday, ce dimanche sanglant, traumatise durablement la population d'Irlande du Nord. Les violences entre catholiques et protestants cesseront en 1998 avec l'accord de paix dit du Vendredi Saint, où un gouvernement biconfessionnel est installé au pouvoir.
Un rapport à haut risque
L'enquête sur le Bloody Sunday est alors rouverte. Elle est confiée au juge Mark Saville et est présentée par la presse comme la plus importante de l'histoire judiciaire britannique. Elle a coûté 230 millions d'euros.
_ Ses conclusions seront présentées tout à l'heure aux parlementaires par le Premier ministre David Cameron. Un rapport, pour l'instant tenu secret, qui risque, de nouveau, de déchainer les passions entre les deux communautés.
Selon l'historien Paul Bew, qui a été consultant pour l'enquête, le dossier
devrait affirmer l'innocence des victimes, reconnue en 1992 par le Premier ministre britannique d'alors John Major, et établir que l'armée est en tort mais n'avait rien prémédité. Les conclusions de la commission Saville pourraient déboucher sur des poursuites au sein de l'armée avec des accusations de meurtres.
Entré dans la culture populaire avec la chanson du groupe irlandais U2 puis
le film du cinéaste britannique Paul Greengrass, le "Bloody Sunday" symbolise
aux yeux des nationalistes irlandais l'arbitraire de l'ennemi britannique.
Baptiste Schweitzer, avec agences
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