"C'est un coup dur" : en Allemagne, l'une des plus importantes usines de panneaux solaires d'Europe plie face à la concurrence chinoise

L'usine Meyer Burger de Freiberg, près de Dresde, a provisoirement stoppé son activité mais l'arrêt pourrait être définitif.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
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L’atelier de production de panneaux solaires de Meyer Burger, à Freiberg (Allemagne), est désormais à l'arrêt. (SEBASTIEN BAER / FRANCEINFO)

Dans l'usine de fabrication de panneaux solaires Meyer Burger de Freiberg, près de Dresde, dans l'est de l’Allemagne, on n'entend plus que le ronronnement de quelques machines et le souffle des appareils de ventilation. Il y a quelques jours encore, 5 000 panneaux solaires étaient produits quotidiennement dans l'immense atelier qui s'étire sur 300 mètres. Mais l'usine, qui était présentée comme l’entreprise du futur lors de son ouverture il y a trois ans, a dû stopper son activité.

Face à la concurrence chinoise qui a fait s'effondrer les prix, l'industrie solaire allemande souffre et le groupe Meyer Burger vient d’annoncer des pertes de 300 millions d’euros sur l'année 2023. Le groupe tient lundi 18 mars une assemblée générale extraordinaire. Pour l’instant, l'arrêt de l'usine de Freiberg, l'une des plus importantes d’Europe dans le secteur, est provisoire mais il pourrait devenir définitif.

"Avant, les machines fonctionnaient 24 heures sur 24, sept jours sur sept", raconte Max Lange, l'un des 500 employés. Face à lui, entreposés sur des chariots, les derniers panneaux solaires fabriqués avant l'arrêt de l'usine attendent d'être expédiés.

Max Lange, l'un des 500 employés de Meyer Burger, dans son atelier de production. (SEBASTIEN BAER / FRANCEINFO)

"Quand on voit les machines à l'arrêt et qu'on ne fabrique plus rien, ça fait bizarre. On espérait tous que ça puisse continuer. Quand on est forcé d'arrêter à cause de circonstances extérieures, c'est un coup dur", regrette Max Lange.

L'enjeu central des subventions

Depuis un an, la Chine inonde le marché européen de ses panneaux solaires. Les produits sont vendus trois à quatre fois moins cher que ceux des fabricants allemands. "C'est une concurrence déloyale. Ce n'est pas un jeu d'égal à égal, se désole Ronald Müller, le directeur de la production. C'est injuste parce qu'on doit supporter tous les coûts de production d'un module solaire alors qu'ils sont subventionnés par l'État dans d'autres pays. Ici, nous devons respecter les normes et les législations européennes. Nos machines ont trois ans. C'est la technologie la plus récente. C'est vraiment un gaspillage d'argent."

Le fabricant allemand envisage maintenant de renforcer son activité aux États-Unis, où les conditions sont plus favorables grâce aux généreuses subventions accordées à l'industrie solaire depuis 2022. Mais Wolfram Günther, le ministre de l'Énergie de la région de Saxe, espère encore une aide du gouvernement pour sauver l'entreprise : "Partout en Europe, on assiste à une explosion des installations de panneaux solaires. Alors détruire notre propre industrie nationale pour devenir presque à 100 % dépendants de la Chine, ce n'est pas responsable. On a déjà vécu ça avec la Russie et le gaz et on voit où ça nous a menés. Ce n'est pas seulement l'industrie solaire en Allemagne qui est en danger, mais l'industrie solaire en Europe. Il faut absolument agir vite."

Si aucune aide publique n'est annoncée d'ici la fin de semaine, l'usine de Freiberg devrait fermer définitivement ses portes. Moins de trois ans après son inauguration en grande pompe.

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