Reportage "C'est comme si c’était hier, ça ne s’oublie pas" : 35 ans après la chute du mur de Berlin, ces Allemands racontent leurs souvenirs grâce à un vélo-cargo

Pour recueillir la parole et les souvenirs des témoins de cette époque, la Fondation du mur de Berlin a lancé une initiative inédite : l'une de ses équipes parcourt la ville avec un vélo-cargo équipé d'un micro et d'une caméra.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
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Le "laboratoire mobile du souvenir" dans le quartier de Neukölln, à Berlin, à l'occasion des 35 ans de la chute du mur de Berlin. (SEBASTIEN BAER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Que reste-t-il du fameux mur de Berlin ? L'Allemagne célèbre le 9 novembre le 35e anniversaire de la chute de ce mur symbole de la séparation entre l'Est et l'Ouest qui aura duré 28 années, de 1961 à 1989. La disparition de ces 155 kilomètres de mur a représenté un bouleversement pour les habitants. Pour recueillir la parole et les souvenirs des témoins de cette époque, la Fondation du mur de Berlin a lancé une initiative inédite : l'une de ses équipes parcourt la ville, avec un vélo-cargo transformé en mini-studio, avec micro et caméra. 

Face à la caméra, dans un quartier du sud-est de la capitale, Klaus Walter, 85 ans, se lance le premier. Assis sur une chaise devant le centre social de Neuköll, l'ancien pompier berlinois fait le récit de son 9 novembre : "On regardait la télévision et il y a eu ce discours légendaire de Günter Schabowski qui a dit que le mur était ouvert. Cela a été une vraie surprise ! Tout le monde était très content. On ne s'attendait vraiment pas à la chute du mur… C'était un soulagement", se souvient-il.

Klaus Walter, 85 ans, ancien pompier berlinois, a fait le récit de son 9 novembre 1989 devant la caméra du "laboratoire mobile du souvenir", dans le quartier de Neukölln à Berlin. (SEBASTIEN BAER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Au bout d'une dizaine de minutes, le vieil homme s'arrête,  heureux d'avoir pu partager ses souvenirs. Et de glisser, non sans émotion : "Même si ça fait longtemps, cela m'émeut toujours autant d'en parler. A la maison, j'ai des tas d'articles de journaux et des photos. Pour moi, c'est comme si c'était hier, ça ne s'oublie pas. J'ai déjà 85 ans et un jour je ne pourrai plus raconter… Alors je trouve ça bien de faire ça, de laisser une trace de pouvoir partager ses expériences et ses sentiments", glisse-t-il.

"On peut ne pas aimer entendre certaines opinions, mais il faut faire avec"

Le laboratoire mobile et son vélo-cargo ont déjà fait étape dans une vingtaine de quartiers berlinois. Axel Klausmeier, le directeur de la Fondation du mur de Berlin, espère recueillir une centaine de témoignages : "Nous voulons entendre des gens très différents parce qu'il n'y a pas qu'un seul récit. Quelqu'un qui était à la Stasi n'a évidemment pas vécu l'histoire de la même façon qu'une personne dans l'opposition. Tout n'est pas noir ou blanc. Et cela fait partie de notre héritage. On peut ne pas aimer entendre certaines opinions, mais il faut faire avec", rappelle-t-il.

Cheveux verts coupés court, Michaela, 72 ans, vient de terminer son enregistrement.

Michaela avait 37 ans quand le mur de Berlin est tombé. Les souvenirs de ce moment historique sont encore très présents dans sa mémoire. (SEBASTIEN BAER / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Elle s'apprête à remonter sur son vélo. "C'est une bonne chose d'expliquer ce qui s'est passé aux jeunes qui n'ont pas vécu cette période. Moi, je suis un témoin de l'époque et je trouve ça important de raconter cette période parce que l'école n'a pas toujours les moyens de le faire".

"Pour eux, c'est peut-être une évidence de voir l'Allemagne unie avec Berlin pour capitale, mais cela n'a pas toujours été le cas…"

Michaela, une habitante de Berlin

à franceinfo

Les vidéos vont être présentées sur le site internet de la Fondation du mur de Berlin. Une sélection de témoignages sera aussi projetée sur les 1316 mètres de l'East Side Gallery, le plus long tronçon de mur encore visible aujourd'hui.

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