Témoignage "Je me croyais dans un film" : 35 ans après la chute du mur de Berlin, Sabine se souvient de ce jour où elle a "pu dire ce qu'elle voulait"

Une Berlinoise de 82 ans a raconté la soirée historique du 9 novembre 1989 et les heures qui ont suivi à franceinfo.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Un drapeau de la RDA est suspendu à l'intérieur de l'ancien poste de commandement de la République démocratique allemande à Berlin, devenu le mémorial Gunter Litfin, lors du 35e anniversaire de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 2024. (RALF HIRSCHBERGER / AFP)

Il y a 35 ans, le mur de Berlin tombait. La capitale allemande célèbre le 9 novembre 2024 la fin de la séparation entre l'Est et l'Ouest. Ce moment historique reste gravé dans la mémoire des Berlinois qui l’ont vécu, notamment chez les habitants de Berlin-Est, privés de contact pendant 28 ans avec la partie ouest de la ville.

Ce 9 novembre 1989, Sabine Hammer, 82 ans aujourd’hui, est devant sa télévision quand débute la conférence de presse des autorités est-allemandes. À 18h57, le porte-parole annonce l’ouverture de la frontière. "On n’arrivait pas à le croire. Je me croyais dans un film quand il y a eu cette annonce et qu’ils ont dit que le mur était ouvert... Ce mur en ciment était à deux mètres de là où je travaillais, dans un foyer pour enfants, avec les soldats, leurs fusils et les chiens. Et tout ça était enfin terminé !"

Avec son fils, Sabine Hammer monte dans sa Trabant - le symbole de l’ex-RDA -, et file vers Berlin-Ouest. La mère de famille s’émerveille devant les musiciens qui jouent dans les rues, les jeans, introuvables à l’Est et les devantures de magasins.

"J’écarquillais les yeux en découvrant tout ce qu’il y avait dans les magasins : les fruits, les légumes… "

Sabine Hammer

à franceinfo

"On nous avait donné 100 marks de l’époque et j’ai acheté des biscuits, de vrais biscuits ! Parce que ceux qu’on avait à l’Est, c’était du carton… Et puis aussi une montagne de chocolat, parce que chez nous, il n’y en avait pas du tout", se remémore-t-elle.

"Je suis contente qu'on ait refermé ce chapitre"

Dans les mois qui suivent, Sabine part en voyage à travers l’Europe et profite de sa liberté retrouvée. "On pouvait dire ce que l'on voulait, on retrouvait la liberté d’expression. Dans la zone frontalière, il y avait toujours ces gens en trench-coat, ces informateurs qui allaient et venaient et écoutaient tout. Là, on pouvait avoir des contacts avec tout le monde, avec des étrangers aussi. En RDA, il n'y avait que des Vietnamiens, qu'on avait fait venir pour travailler..."

Avec la chute du mur, le plein-emploi et les logements bon marché, dont profitaient les Allemands de l'Est, disparaissent. Pour certains, la transition est brutale. Mais Sabine n'a jamais regretté la RDA. "Je ne suis pas nostalgique de l'Allemagne de l'Est. Vraiment pas. Vous savez, en RDA, je vivais près de la prison de la Stasi. Pour le moindre mot de travers, on enfermait les gens dans de toutes petites cellules et pendant longtemps, c'était horrible. Je suis contente qu'on ait refermé ce chapitre."

Selon les statistiques, 3,5 millions d’Allemands ont quitté l’ex-RDA pour travailler à l’Ouest. Mais Sabine a fait le choix de rester à l’Est, dans la maison où sa famille a toujours vécu.

"Je me croyais dans un film" : 35 ans après la chute du mur de Berlin, Sabine témoigne - Sébastien Baer

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