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"Je me suis dit, ils se sont fait voler leur révolution !" : quand la chute du mur de Berlin laissait les militants communistes pantois

À la section du PCF de Montreuil, les militants communistes de la fin des années 1980 ont vécu la chute du mur de Berlin comme une désillusion. 

Article rédigé par franceinfo - Sarah Tuchscherer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme célébrant la chute du mur de Berlin, le 12 novembre 1989.  (POOL CHUTE DU MUR BERLIN / GAMMA-RAPHO / GETTY IMAGES)

La chute du mur de Berlin, à la section du Parti communiste français de Montreuil, les plus âgés n'aiment pas beaucoup en parler. À 78 ans, Marie-Claire se définit comme une militante communiste depuis toujours. Elle avoue que la disparition de la République démocratique allemande (RDA), précipitée par la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 et actée par la réunification, le 3 octobre 1990, l'a déstabilisée. "Ce n'était pas totalement négatif. Quand j'étais plus jeune, je faisais du handball et j'avais été jouer là-bas. C'était très sympa. Mais enfin bon, on était entre nous", se souvient-elle. Ce pays représente encore pour elle "une forme d'idéal", même si "il y avait des trucs où je n'étais pas d'accord, c'était un peu trop rigide". "En fin de compte, quand on voit les autres pays, c'est pas beaucoup mieux."

"Pour eux, ça a été un déclassement"

En 1989, Lucienne comprenait l'aspiration à la liberté manifestée par les Allemands de l'Est. Elle avait d'ailleurs des amis là-bas, rencontrés grâce au jumelage de sa ville avec Cottbus, à une centaine de kilomètres de Berlin."J'ai pensé à eux. Je me suis dit : c'est formidable, ils font une révolution citoyenne importante. Puis très vite derrière, je me suis dit : ils se sont fait voler leur révolution ! Hélas, c'est bien ce qui s'est passé. Toute leur industrie, tout ce qui faisait que chacun avait un travail a été démembré. Il n'y avait plus les crèches d'entreprise, il n'y avait plus rien et ils se sont retrouvés au chômage. Pour eux, ça a été un déclassement".

Un enthousiasme douché que Jean-Marie a aussi éprouvé. Mais après 40 ans de RDA, le secrétaire de la section PCF de Montreuil tire cette leçon : "On ne construit pas le bonheur des gens sans eux ou contre eux."

On ne peut pas penser à la construction d'une nouvelle société en évacuant le rôle et la place de chaque individu.

Jean-Marie, secrétaire de section

à franceinfo

"La question des libertés est au moins aussi importante que la question du développement économique et du bien-être," estime le secrétaire de la section PC qui refuse de qualifier la chute du mur de Berlin de négative ou de positive. Pour lui, l'événement s'inscrivait dans le mouvement de l'Histoire.

La chute du mur vue par les communistes de Montreuil - le reportage de Sarah Tuchscherer

Berlin : franceinfo fait le mur

À l'occasion des 30 ans de la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, franceinfo vous propose une série de reportages, entre souvenirs insolites et immersion dans l'Allemagne d'aujourd'hui.

- "Moi, j'ai pleuré devant le mur de Berlin" : il y a 30 ans, des Français partent en Allemagne pour assister à la chute du mur

- "Qui sait me dire quel était le régime politique en RDA ?" : pour ces lycéens berlinois, l'Allemagne d'avant la chute du mur paraît bien loin

- "J'ai toujours espéré que ce mur tombe avant ma mort" : Jamila, fille d'une mère Est-allemande et d'un père palestinien, aimerait voir un autre mur tomber

- VIDEO. Il a franchi le rideau de fer suspendu à une ligne à haute tension : plus de 30 ans après, Robert raconte son passage à l'Ouest

- "Avant, on était plus chaleureux, le capitalisme nous a rendus froids" : en Roumanie, des habitants restent nostalgiques de l'ère soviétique

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