"Méga-grève" en Allemagne : "C’est tout nouveau pour nous, mais on doit faire pression", explique un syndicaliste mobilisé pour l'augmentation des salaires
L’appel à la mobilisation est déjà très suivi. Les salariés des aéroports, du rail, du fret maritime, des sociétés d'autoroutes, des transports locaux en Allemagne sont appelés depuis minuit, lundi 27 mars, à 24h d'arrêt de travail. C’est donc tout le secteur des transports d'Outre-Rhin qui est perturbé. Contrairement à des pays comme la France, un tel mouvement unitaire entre les syndicats EVG et Ver.di, représentant respectivement 230.000 salariés des sociétés ferroviaires et 2,5 millions d'employés des services, est rare. Il s'agit d'un moyen de pression des salariés alors que commence le troisième round de négociations salariales pour l’ensemble des secteurs publiques territoriaux.
Café en mains, les uns après les autres ces travailleurs de nuit s’inscrivent sur les listes de grève à un guichet d’embarquement dans un terminal complètement vide de l’aéroport de Cologne-Bonn, dans l’Ouest de l’Allemagne. Le symbole est là : il s'agit d'une grève massive, du jamais-vu depuis 30 ans, assure Frank Michael Munkler, secrétaire syndical. "C’est tout nouveau pour nous, mais on doit faire pression, les employeurs ne proposent que 3% d’augmentation jusqu’à présent", raconte-t-il.
"Un trou de 600 euros tous les mois"
Les syndicats exigent 10 à 12% d'augmentation, 500 euros minimum en plus pour les plus bas salaires. Face à l’inflation de près de 9%, les salariés ne font plus face. Jean-Yves, père de cinq enfants, travaille depuis 28 ans de nuit au fret aérien : "Ma femme fait les comptes et avec l'inflation, c'est un trou dans notre porte-monnaie entre 500 et 600 euros tous les mois !", regrette-t-il. Derrière lui, les grévistes s’accumulent et ce sont déjà quelque 132 avions déjà supprimés. Aucun train ne circule non plus au départ de la gare ferroviaire de Bonn, toute proche.
De leur côté, les employeurs dénoncent un "mouvement excessif et disproportionné". Mais beaucoup de voyageurs, comme Ina Müller approuvent cette grève historique. "Je peux concevoir que les gens s’énervent, mais ils n’ont qu’à payer leurs employés correctement", glisse-t-elle.
Aux piquets de grève, on prévient déjà : si cela ne suffit pas, le mouvement sera reconduit. Les grèves se multiplient en Allemagne depuis le début de l’année. Au début de mois de mars, les employés de la Poste allemande ont obtenu des augmentations de salaires de 8,5% sur deux ans après une grève.
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