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Migrants: l'asile religieux pour éviter l’expulsion en Allemagne

Confrontée à l’afflux massif de réfugiés, l’Allemagne a récemment durci ses conditions du droit d’asile. Pour éviter l’expulsion, des centaines de migrants, non chrétiens, ont recours à l’asile religieux. Une pratique tolérée par les autorités allemandes.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Deux migrants irakiens, en compagnie du curé de l'église de Tutzing près de Munich. (AFP/Christof Stache)

Ils sont irakiens, syriens ou bien afghans et vivent dans des paroisses en Allemagne le temps d’obtenir le statut de réfugiés. Près de 400 personnes sont ainsi protégées par des églises protestantes ou catholiques pratiquant encore l’asile religieux. Une tradition millénaire qui les met à l’abri de toute expulsion.
Selon les règles européennes, les migrants doivent déposer leur demande d’asile dans le premier pays où ils ont été enregistrés.
 
Le dernier recours
En ouvrant ses portes aux migrants, l’église allemande veut leur donner une chance d’obtenir l’asile. «Il s’agit d’empêcher leur renvoi en Hongrie ou en Bulgarie où les conditions de vie des réfugiés ne respectent pas les droits de l’Homme», explique à l’AFP le père Peter Brumer, qui affirme que l’asile religieux est leur dernier recours. 
 
En attendant les papiers
Protégés par l’Eglise, les migrants peuvent ainsi attendre six mois (le délai nécessaire) sans être inquiétés par un avis d’expulsion. Mais avant d’obtenir des papiers en règle, ils restent confinés dans les paroisses qui les ont accueillis. «Ici c’est la routine, on s’occupe avec des cours d’allemand par exemple. Mais je ne rencontre presque jamais des gens de l’extérieur», témoigne Peshhtiwan Nasser Abdal, un Irakien yazidi de 21 ans qui n’a pas quitté le local dépendant de la paroisse de Tutzing près de Munich depuis quatre mois.

Polémique
Le recours à l'asile religieux, qui ne figure pas dans la législation, a suscité de vives critiques dans le pays. En 2015, le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière avait comparé cette pratique à la charia (loi islamIque) avant de se rétracter. «N'importe quelle institution doit respecter le droit allemand. Mais nous respectons aussi, dans le cas de l'asile religieux, la place particulière de l'Eglise», avait finalement tempéré le ministère.

De son côté, L'église allemande assume entièrement la pratique de l'asile religieux et souligne que la religion ne joue aucun rôle dans les choix des migrants. Dans leur grande majorité, les réfugiés accueillis par les paroisses catholiques et protestantes ne sont pas chrétiens.

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