: Reportage "On ne se laissera pas déloger" : en Allemagne, un projet d’agrandissement d'une usine Tesla provoque la colère de militants écologistes
Une dizaine de cabanes ont déjà été construites, à dix mètres du sol pour éviter aux protestataires d’être délogés par la police. Visage dissimulé sous des cagoules ou des écharpes, les militants sont perchés dans les arbres avec du matériel d’escalade. Sabrina, une Berlinoise, est déterminée à bloquer l’extension de la géante usine de production d'automobiles électriques et de batteries Tesla ouverte en mars 2022, à Grünheide, à quelques dizaines de kilomètres de Berlin.
"Ils voudraient encore abattre plus de 100 hectares de forêt supplémentaires, pour installer d’autres bâtiments et une nouvelle gare, explique la militante écologiste. On se trouve ici dans une zone de protection des eaux et le risque, c’est la contamination et la pollution des eaux". L’usine de Tesla s’étend déjà sur 300 hectares et le projet de travaux prévoit d’agrandir le site de 170 hectares pour doubler la production.
Un rapport de force déséquilibré
Lors de la consultation citoyenne organisée le mois dernier, deux habitants de la commune sur trois ont voté contre l’extension de l’usine automobile. Mais Paul Eisfeld, qui se présente comme le porte-parole de la communauté, redoute un passage en force. "Derrière Tesla, il y a Elon Musk, à nouveau la personne la plus riche du monde. Et il a tout simplement un pouvoir énorme pour que cette usine continue à se développer. Le gouvernement fédéral fait aussi pression sur le gouvernement local. Le rapport de force est déséquilibré".
Heure après heure, le groupe de militants grandit. Des activistes, sacs sur le dos, et, une toile de tente dans les bras, arrivent de toute l’Allemagne. René, 28 ans, se dit prêt à bloquer le site le temps qu’il faudra. "Nous avons mis en place toute une infrastructure. En plus des cabanes dans les arbres, nous avons une cuisine, des toilettes. On a tout préparé pour pouvoir rester plusieurs semaines. On ne se laissera pas déloger par le mauvais temps ou par la police", assure-t-il. Les activistes ont prévu de rester au moins 15 jours sur le site. Dans la région du Brandebourg, Tesla est considérée comme une locomotive pour l’économie. Le groupe emploie aujourd'hui 12 000 personnes.
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