: Vidéo Allemagne, Espagne, Etats-Unis, Israël... Les professeurs peuvent-ils aborder tous les sujets avec leurs élèves ?
Le monde en face : chaque semaine, une même actualité vue par quatre correspondants de franceinfo. Aujourd'hui, direction Berlin, Madrid, New York et Jérusalem.
C’était il y a une semaine à peine : des hommages spontanés, un peu partout en France, à Samuel Paty, ce professeur d’histoire décapité par un terroriste islamiste. Après le choc et les cérémonies viennent les questions. Et si l’école n’était pas le sanctuaire que l’on croit ? Rares sont les pays où, comme en France, la laïcité est aussi centrale. Cela ne met pourtant pas l'école à l'abri des pressions de l'islam politique. Au-delà de la question religieuse, ailleurs, comment se passe la transmission des valeurs, du vivre ensemble ? Aborde-t-on en cours les questions de religion, de racisme ou de sexualité ?
En Allemagne, les professeurs ne sont pas à l'abri des menaces et des pressions. Ils parlent eux-mêmes de harcèlement et de campagnes de haine quand certains sujets sont abordés en classe. C'est particulièrement le cas dans un Land, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Les enseignants de la région sont régulièrement la cible de cyber-harcèlement de la part de militants d'extrême droite, par exemple lorsqu'ils parlent en classe de la démocratie et des menaces que les groupes néonazis font peser sur elle.
En Espagne aussi, c'est la droite extrême qui tente de s'immiscer dans les écoles. Ici ce sont les cours d'éducation sexuelle qui lui posent problème. Dans la région de Murcie, au Sud-Est du pays, le parti d'extrême droite Vox est parvenu à obtenir une sorte de droit de veto pour les parents. Ils peuvent ainsi éviter que leurs enfants assistent à des cours contraires à leurs convictions comme ceux sur l'éducation et la diversité sexuelle.
Aux Etats-Unis, pas d'ambiguïté juridique : la liberté d'expression est un des socles de la démocratie américaine. C'est le premier amendement de la Constitution. Mais à l'école, cette liberté d'expression touche parfois ses limites. Et aborder certains sujets par le biais du dessin, comme la question du racisme soulevée par le mouvement Black Lives Matter, n'est pas toujours évident. Ainsi à Wylie, au Texas, un professeur a demandé à ses élèves d'analyser un dessin de presse faisant référence à la mort de George Floyd, et qui mettait sur un même plan des policiers, des propriétaires d'esclaves et des membres du Klu Klux Klan. Une initiative qui a aussitôt provoqué une levée de bouclier de l'Ordre fraternel de la police.
En Israël, la religion est l'un des sujets les plus compliqués à aborder, à l'école, dans la presse ou dans le débat public. Pourtant, le pays a une longue tradition satirique : on se moque beaucoup des dirigeants à la télévision ou dans les journaux. Mais les religions, juive évidemment mais aussi chrétienne et musulmane sont protégées par la loi et l'idée même de caricatures religieuses est difficile à imaginer.
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