Alors que le Premier ministre José Socrates a démissionné, l'Europe se dit prête à aider financièrement le Portugal
Jean-Claude Juncker, chef des ministres des Finances de la zone euro, a évoqué un montant de 75 milliards d'euros si Lisbonne faisait appel à une aide européenne et du FMI.
José Socrates a démissionné mercredi soir suite au rejet à la Chambre des députés d'un nouveau programme d'austérité, censé éviter au pays un plan d'aide international.
Le Premier ministre portugais conserve au moins momentanément ses fonctions, a annoncé le président Anibal Cavaco Silva qui a précisé qu'il recevrait vendredi en audience "les différents partis représentés à l'Assemblée".
José Socrates a pris la décision de démissionner après le rejet par le parlement de son programme d'austérité censé "garantir" le rééquilibrage des finances publiques et éviter un appel à l'aide extérieure.
Depuis des mois, le Portugal est considéré par les marchés comme le prochain candidat à un soutien financier de l'UE et du FMI, dans le sillage de la Grèce et de l'Irlande. L'instabilité politique devrait encore accentuer l'urgence d'une intervention extérieure pour éviter une banqueroute du pays et le risque d'un effet domino s'étendant à des pays encore fragiles, comme l'Espagne.
Jeudi, alors que les responsables européens se disaient prêts à aider sous conditions le Portugal, pour un montant évalué à 75 milliards d'euros par le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le gouvernement portugais a réaffirmé son refus de toute intervention extérieure. "Le gouvernement continuera à lutter de toutes ses forces contre l'éventualité d'un recours à une aide extérieure", a déclaré le porte-parole du conseil des ministres, Pedro Silva Pereira.
Une démission à la veille du sommet européen
Depuis des mois, le Portugal est considéré par les marchés financiers comme le prochain candidat à un soutien financier de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, dans le sillage de la Grèce puis de l'Irlande l'an dernier.
"Cette crise politique, en ce moment, aura des conséquences gravissimes sur la confiance dont le Portugal a besoin auprès des institutions et des marchés financiers", a déclaré José Socrates dans une communication au pays. "Aujourd'hui, tous les partis de l'opposition ont rejeté les mesures proposées par le gouvernement pour éviter que le Portugal doive recourir à un programme d'aide extérieure", a-t-il constaté.
"L'opposition a retiré au gouvernement toutes les conditions pour gouverner. J'ai par conséquent présenté ma démission au président de la République", a-t-il dit, après avoir été reçu par le président de centre-droit Anibal Cavaco Silva.
L'UE sous la menace portugaise
La crise politique au Portugal, qui risque de lui imposer un plan d'aide financier international, menace à nouveau la stabilité de la zone euro et vient assombrir un sommet européen appelé à parachever un dispositif contre les crises de la dette.
Après une période d'accalmie, l'Union monétaire pourrait donc être précipitée dans une nouvelle zone de turbulences, susceptible de placer l'Espagne à son tour en première ligne face aux marchés.
Pour le sommet, il s'agit de renforcer le Fonds de soutien financier temporaire aux pays de la zone euro en difficulté, de sceller un accord sur un changement du traité européen pour autoriser la création d'un mécanisme d'aide permanent à partir de mi-2013, de définir les contours précis de ce dispositif et de durcir la discipline budgétaire et la compétitivité des pays européens.
Angela Merkel freine des quatre fers
Alors que les ministres européens des Finances étaient tombés d'accord lundi sur le financement de leur futur mécanisme afin qu'il puisse prêter 500 milliards d'euros, la chancelière allemande Angela Merkel a demandé plus de temps que prévu pour verser la contribution qui lui reviendra. "Sur ce point nous allons à coup sûr insister pour qu'il y ait certains changements", a indiqué mercredi une source gouvernementale allemande. Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker a critiqué ce comportement, qui ne prend pas en compte "les positions des autres pays".
Les dirigeants de l'UE devaient aussi valider un , dans lequel ils s'engagent à réformer leurs économies, à limiter leur dette publique et à pratiquer la modération salariale. Il mécontente toutefois les syndicats européens qui le jugent "anti-social" et qui ont manifesté jeudi à Bruxelles pour s'y opposer.
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