Attentat de Berlin : de l'Allemagne à l'Italie en passant par les Pays-Bas, la Belgique et la France, la cavale d'Anis Amri
Le principal suspect de l'attaque au camion-bélier du marché de Noël de Berlin, qui a fait 12 morts et 45 blessés, a été abattu par la police à Milan quatre jours après son attentat. Franceinfo tente de reconstituer l'itinéraire du terroriste présumé.
Près de deux semaines après l'attentat au camion-bélier qui a endeuillé un marché de Noël de Berlin, le 19 décembre , l'itinéraire emprunté par le terroriste, Anis Amri, au cours de sa fuite se dessine de plus en plus précisément. Mercredi 4 janvier, le parquet fédéral belge a révélé que l'auteur de l'attaque était passé par la gare de Bruxelles-Nord. Au vu des dernières informations, franceinfo retrace le parcours du Tunisien de 24 ans jusqu'à Milan, où la police italienne l'a abattu dans la nuit du 22 au 23 décembre.
19 décembre au soir, Berlin
Le 19 décembre vers 20 heures, Anis Amri tue onze personnes avec un camion volé sur un marché de Noël au pied de l'église du Souvenir, au cœur de la capitale allemande. Peu avant, il a abattu par balle le chauffeur polonais du poids lourd. La course mortelle du camion est arrêtée au bout de 70 à 80 mètres grâce à un système anti-collision qui a enclenché un freinage automatique.
Durant les premières heures des investigations, les enquêteurs se fourvoient : ils sont convaincus d'avoir arrêté l'auteur des faits, un ressortissant pakistanais. La police n'identifie Anis Amri comme le principal suspect que le 20 décembre, après la découverte d'un document d'identité dans le poids lourd. Ce n'est cependant que dans la nuit du 20 au 21 que l'Allemagne émet un avis de recherche européen. Celui-ci est rendu public le 21 au soir, 48 heures après les faits.
Les enquêteurs allemands savent cependant que peu après l'attentat, Anis Amri est passé "dans la zone de la gare de Zoologischer Garten", à deux pas du marché de Noël, et qu'il a sciemment adressé à une caméra de vidéosurveillance "un doigt de tawhid, l'index levé", selon la porte-parole, un geste largement repris par les adeptes du groupe jihadiste Etat islamique.
A ce jour, la police allemande n'a toujours pas pu déterminer par quelle voie il a quitté l'Allemagne.
21 décembre, Nimègue, Pays-Bas
Le parquet néerlandais estime "avoir un tableau clair des déplacements d'Amri aux Pays-Bas". Le 21 décembre, il arrive à Nimègue, une ville toute proche de la frontière avec l'Allemagne. Il prendun train pour la gare centrale d'Amsterdam. "Tard dans l'après-midi, il est monté à bord d'un train pour Bruxelles et s'est rendu en Belgique", précise la justice néerlandaise dans un communiqué.
Qu'a-t-il fait le 19 décembre au soir et le 21 décembre après-midi ? Comment a-t-il parcouru les 630 km entre Berlin et Nimègue ? Mystère.
21 décembre au soir, Bruxelles
Le 21 décembre vers 19 heures, Anis Amri arrive à la gare de Bruxelles-Nord, en Belgique, en provenance d'Amsterdam, aux Pays-Bas. L'analyse des images de vidéosurveillance a permis à la police fédérale des chemins de fer de Bruxelles d'identifier le fugitif, selon le parquet fédéral belge. Il serait resté dans la capitale belge jusqu'à 21 heures, selon la justice belge, qui ne donne pas davantage de détails.
Nuit du 21 au 22 décembre, Nimègue
Différents services de police européens confirment qu'Anis Amri prend, dans la nuit du 21 au 22 décembre, un car depuis la gare routière de Nimègue jusqu'à la gare ferroviaire de Lyon-Part-Dieu, en France.
Pourquoi le terroriste est-il retourné à Nimègue depuis Bruxelles ? Et comment a-t-il parcouru les presque 200 km qui séparent les deux villes ? Ces questions restent pour l'heure sans réponse.
22 décembre après-midi, Lyon
Le 22 décembre dans l'après-midi, Anis Amri, qui fête ce jour-là ses 24 ans, arrive en France, à Lyon. Il est filmé par des caméras de vidéosurveillance à la gare de la Part-Dieu. Il y prend un train pour Chambéry.
A Chambéry, le jeune homme a pris une correspondance pour l'Italie. Des billets de train, réglés en liquide, pour un trajet Lyon-Chambéry-Milan via Turin ont été retrouvés sur lui, après sa mort.
22 décembre au soir, Turin, Italie
Anis Amri débarque en gare de Turin le 22 décembre au soir. Il s'y arrête pendant trois heures, "sans avoir rencontré personne", précisent les enquêteurs, cités par Le Figaro.
Le fuyard est filmé à deux reprises par les caméras de surveillance : il cherche au guichet automatique des renseignements sur les trains partant pour Rome ou Milan, rapporte Il Corriere della Sera sans citer de source.
"Signe qu'il n'avait pas de projet de déplacement précis, il a finalement opté pour un train régional vers la Lombardie, parce qu'à cette heure tardive, il n'y avait plus de train pour la capitale", affirme le quotidien milanais.
Nuit du 22 au 23 décembre, Milan
Anis Amri arrive dans la nuit du 22 au 23 décembre à Milan, comme le prouve la vidéo issue d'une caméra de surveillance de la gare diffusée par la police italienne. Le suspect est filmé de dos, sur un passage piéton, avec un petit sac sur les épaules.
"Deux heures plus tard, arrivé à Sesto San Giovanni, la banlieue ouvrière de Milan où se trouve une importante communauté salafiste", poursuit le journal, Anis Amri est abattu près de la gare par une patrouille de police sur laquelle il avait ouvert le feu, lors d'un contrôle de routine. Il avait sur lui 1 500 euros en liquide, mais aucun document d'identité.
Mais Milan n'était sans doute encore qu'une étape dans sa cavale. Plusieurs journaux italiens, cités par Europe 1, rapportent qu'une fois arrivé à Milan, Anis Amri a croisé un jeune Salvadorien à qui il a demandé "où il pouvait prendre un train ou un bus pour Rome, Naples ou le Sud". Quant à Sesto San Giovanni, où il a été abattu, c'est le point de départ d'autocars à destination de l'Espagne, du Maroc, de l'Albanie ou du sud de l'Italie.
Pour le quotidien de Rome Il Messaggero, le fait que le jeune Tunisien ait envisagé de se rendre dans la capitale "n'est pas le fait du hasard". Car c'est dans "le Latium que probablement il avait les contacts les plus étroits", poursuit le journal. Il Messaggero explique qu'Anis Amri a vécu plusieurs semaines à Aprilia, à une quarantaine de kilomètres au sud de Rome, chez un de ses compatriotes, actuellement en prison, rencontré à Lampedusa où il était arrivé en 2011. Anis Amri a en effet passé quatre ans en prison en Sicile pour l'incendie d'une école, et pourrait y avoir noué des contacts durables avec d'autres détenus, avant de rejoindre l'Allemagne à partir de juillet 2015.
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