Attentat-suicide à l’aéroport de Moscou Domodedovo : la piste caucasienne privilégiée
CARNAGE : "Il n'y a plus de lumière, des corps déchiquetés sont allongés… "
C’est vers 16h30 hier après- midi (heure locale) que la kamikaze a déclenché ses explosifs dans la zone des arrivées des vols internationaux de l’aéroport de Moscou Domodedovo, là où les familles et les chauffeurs de taxi attendent les voyageurs. Le plafond s’est effondré et le hall a rapidement été envahi par la fumée, provoquant une panique générale. "Il n'y a plus de lumière, des corps déchiquetés sont allongés. Des médecins viennent d'emporter une petite fille", a raconté un témoin à l'agence Interfax. Le bilan est lourd : 35 morts, 150 blessés et des dizaines de personnes en état de choc. Les victimes ont été évacuées par les secours. Parmi elles, huit étrangers, dont cinq Européens, deux Britanniques, un Allemand, un Bulgare et une Ukrainienne ont trouvé la mort. Un Français, un Italien et une actrice slovaque, Suzana Fialova, figurent sur la liste des blessés hospitalisés. Très rapidement, une soixantaine d’enquêteurs sont arrivés sur place.
LA PISTE CAUCASIENNE PRIVILÉGIÉE : "On a retrouvé la tête d'un homme de type arabe"
L’audition de témoins ainsi que le visionnage des enregistrements des caméras de surveillance pour tenter d’identifier le kamikaze présumé et ses éventuels complices se poursuivent aujourd’hui. Selon l'agence de presse Interfax, qui cite des sources proches de l'enquête, la tête de l'auteur présumé de l'attentat aurait été retrouvée. "On a retrouvé la tête d'un homme de type arabe âgé de 30-35 ans. Il a probablement déclenché l'engin explosif", a déclaré cette source. Une information non confirmée par les autorités. "Les enquêteurs étaient à la recherche de trois suspects, mais ceux-ci ont réussi à s'introduire sur le territoire de l'aéroport", a par ailleurs indiqué une source à l'agence Ria Novosti. Et puis un élément nouveau ce matin. Selon l'agence Interfax citant une source policière, le kamikaze pourrait être une femme, voilée et habillée de noir. Mais là encore, rien n'est confirmé à ce stade de l'enquête.
L'attaque, qui rappelle le mode opératoire des insurgés islamistes du Nord-Caucase russe à majorité musulmane, n'a pas été revendiquée. Pour l'instant, il est trop tôt pour parler de la piste tchétchène, estime Hélène Blanc, politologue et spécialiste de la Russie au CNRS. " Il faut se montrer particulièrement prudent ", explique-t-elle. Hélène Blanc prend l'exemple de la série d'attentats qui avait fait 293 morts en Russie en 1999. Ces attentats "ont servi d’alibi à déclencher la seconde guerre de Tchétchénie. Mais maintenant nous savons que ces attentats n’étaient pas du tout l’œuvre des Tchétchènes auxquels on les a attribués mais l’œuvre du FSB (Services fédéraux de sécurité, ex-KGB)", explique-t-elle. Depuis le début de la première guerre de Tchétchénie en 1994, les autorités russes accusent régulièrement des mercenaires arabes de soutenir sur le terrain la rébellion qui mine le Caucase russe.
En quinze ans, la capitale russe a été la cible d’une vingtaine d’attentats qui ont fait au total plus de 540 morts. Le dernier a eu lieu en mars 2010, une double attaque suicide dans le métro commise par deux femmes kamikazes originaires du Daghestan, qui avait fait 40 morts.
LES RÉACTIONS DANS LE MONDE : Un acte "révoltant", "effroyable"
Le président russe Dmitri Medvedev, qui a reporté un déplacement au Forum économique mondial de Davos, a promis la capture des organisateurs de cet attentat. Ils "seront traqués et punis", a écrit le chef du Kremlin sur son compte Twitter. Dmitri Medvedev qui a également annoncé le renforcement des mesures de sécurité dans tous les aéroports de Russie et les autres moyens de transport.
Les réactions internationales sont également nombreuses après ce que le Premier ministre australien Julia Gillard qualifie d’acte "effroyable". Cet attentat est "une attaque brutale" et " un acte de violence aveugle et effroyable ", a déclaré le chef du gouvernement australien.
Le président américain Barack Obama a lui aussi "fermement condamné cet acte terroriste atroce contre le peuple russe", a indiqué la Maison blanche, qui a proposé l'aide des Etats-Unis à la Russie.
Le pape Benoît XVI a
dénoncé depuis le Vatican "un grave acte de violence" et exprimé sa "profonde douleur".
Le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, se dit quant à lui "horrifié" par cet acte "injustifiable " qu’il condamne fermement, a déclaré un porte-parole.
Cécile Mimaut avec agences
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