Italie : blagues sexistes et promesses généreuses... Les vieilles recettes de Silvio Berlusconi pour gagner les législatives
À 81 ans, sous le coup d'une condamnation pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi revient sur la scène politique. Il conduit la coalition de centre-droit aux législatives de dimanche.
Les Italiens sont appelés à voter, dimanche 4 mars, pour des élections législatives à l'issue très incertaines. Le scrutin est marqué par le retour de Silvio Berlusconi. Si le milliardaire de 81 ans ne se présente pas - une condamnation pour fraude fiscale le rend inéligible jusqu'en 2019 - il a pris la tête d'une coalition de centre-droit, bien partie pour l'emporter.
Après avoir occupé trois fois la présidence du Conseil italien, Silvio Berlusconi ne semble pas rassasié de politique. Et il fait encore vibrer ses fans : les seniors.
"Berlusconi, pour moi c’est toujours le plus fiable", lance Antonella. Sous sa toque en fourrure léopard, cette retraitée milanaise fait son marché sous la neige et peste contre ceux qui ont voulu écarter Silvio Berlusconi de la scène politique. Pour Antonella et pour les autres partisans d'Il Cavaliere, peu importe les affaires judiciaires, les soirées "bunga bunga" en compagnie de prostituées mineures.
Malgré toute la boue qu'on lui a jetée à la figure pour tout et n'importe quoi, je pense que c'est encore lui le meilleur.
Antonella, sympathisante de Silvio Berlusconi
Avec lui au moins, ses électeurs savent à quoi s'attendre : au meilleur comme au pire. Tout semble donc oublié lorsqu’il vient soutenir, cette semaine, dans la région de Milan, l’un des candidats de sa coalition en abreuvant son public de blagues sexistes. "Attilio, l’excellent maire de Varèse, claironne-t-il lors de cette réunion publique pour présenter Attilio Fontana. J’ai parlé avec les deux ou trois fiancées habituelles de Varèse et elles m’en ont dit beaucoup de bien. Attilio est aussi le président de l’Assemblée régionale. Là, les femmes sont toutes moches, mais j’ai quand même parlé aux moches, et elles aussi m’en ont dit beaucoup de bien."
Attilio Fontana, l’homme que présente Berlusconi, porte l’étiquette de la Ligue du Nord (Lega Nord), un parti allié au Front National au Parlement européen. C’est pourtant l’image du vieux sage modéré que tente de faire passer l’ancien président du conseil dans cette campagne.
L'incrédulité de ses opposants
Francesca milite pour le parti démocrate (Partito democratico), à gauche de l'échiquier politique. Elle regrette que trop de gens se laissent encore manipuler. "C’est un grand communicant, reconnaît Francesca. Il pense qu’il est très beau, qu’il a du charme, il est très populiste. C’est un peu la même chose que Mussolini : il connaît très bien les défauts des Italiens qui sont tout sauf courageux."
En Italie, il y a une grande ignorance. Les gens ne veulent pas se souvenir de ce que Berlusconi a été.
Francesca, militante du Parti démocrateà franceinfo
Suppression de la redevance télé et de la taxe foncière, mise en place d’un impôt unique sur le revenu... Silvio Berlusconi multiplie les promesses. Pour Nicola Pasini, professeur de sciences politiques à l’université de Milan, l'ancien président du conseil est spécialiste de ce genre de surenchère.
Il a toujours été un très bon vendeur, mais jamais un homme d’État. Ça, il n’a pas réussi.
Nicola Pasini, professeur de sciences politiquesà franceinfo
"C’est un vrai commercial, analyse Nicola Pasini, un vendeur de consensus dans le sens où il a les méthodes d’un camelot, Après, cela ne l’intéresse pas de savoir si le client est satisfait.".
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