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Ces femmes qui ébranlèrent le pouvoir
Publié le 01/03/2013 16:28
Mis à jour le 25/10/2013 17:02
Ces femmes sont passées de l’anonymat à la célébrité. Elles ont en commun d'avoir fait chanceler les grands de ce monde, dont certains, comme Silvio Berlusconi, sont encore inquiétés par la justice. Retour sur sept histoires qui ont défrayé la chronique.
Karima El-Mahroug, grande brune plantureuse aux longs cils, surnommée Ruby la voleuse des cœurs, est née en 1992 dans une famille pauvre marocaine.
Elle arrive à Letojanni, petite ville sicilienne en 2003. Elle y vit quatre ans avec son père colporteur, sa mère femme au foyer et ses trois plus jeunes frères et sa sœur. Placée dans plusieurs foyers en raison de comportements délictueux, elle s’enfuit en Sicile à l'âge de 14 ans.
Repérée dans une discothèque par Nicole Minetti, conseillère régionale du parti de M. Berlusconi, elle se voit proposer de participer aux fêtes fastueuses organisées par le Cavaliere.
En 2010, Ruby est accusée de vol par sa colocataire . Berlusconi essaye de la faire libérer. Pour cet acte, il risque aujourd’hui douze ans de prison pour abus de pouvoir.
La même année, l’homme politique est accusé de relations tarifées avec la jeune femme, alors qu’elle est encore mineure, lors de soirées «bunga-bunga» avec jeux sexuels et danseuses nues.
Silvio Berlusconi, qui s’est présenté comme candidat du centre-droit aux élections législatives de février 2013 et a obtenu 29,18% des voix à la Chambre des députés, risque trois ans de prison pour prostitution de mineure dans le cadre de l’affaire Rubygate, du nom de la principale intéressée. (AFP/GIUSEPPE ARESU)
Le 14 mai 2011, Nafissatou Diallo, femme de chambre de l’hôtel Sofitel de New York, accuse le directeur du FMI d’agression sexuelle.
Nafissatou Diallo est née à Tchiakoullé, hameau du nord de la Guinée dans le Fouta Djallon, berceau montagneux de la communauté Peule.
Mariée à 17 ans à un fils de marabout, elle a eu une petite fille. Quand son mari meurt en 2004, elle part s’installer aux Etats-Unis avec son enfant et coupe pratiquement toute relation avec sa famille.
Au moment des faits, elle a 32 ans et réside dans le Bronx, où vit la communauté peule.
Dominique Strauss-Kahn est inculpé pour tentative de viol et séquestration. Il doit démissionner du FMI et perd alors toute éligibilité à la présidentielle en France, alors qu’il est donné favori par les sondages.
Après 19 mois de procédures et de nombreux rebondissements, l’affaire Diallo-DSK se conclut par un accord financier : un million de dollars versés à la plaignante.
En octobre 2008, DSK, alors patron du FMI depuis un an, était soupçonné d’avoir eu une liaison avec Piroska Nagy, femme mariée et économiste hongroise dans l’organisme international. L’affaire avait été classée sans suite et DSK blanchi.
Cette enquête avait mis à jour le «don-juanisme» du patron du FMI, mais ne lui avait pas coûté son prestigieux poste. (AFP/Emmanuel DUNAND)
Paula Broadwell, diplômée de l’académie militaire de West Point, une des écoles militaires les plus prestigieuses des Etats-Unis, rencontre le général David Petraeus en 2006.
Cette grande femme brune de 40 ans, élégante et intelligente, mariée à Scott Broadwell, un radiologue, est mère de deux jeunes garçons.
Son CV est irréprochable. Passionnée par la guerre et les conflits dans le monde, elle devient experte en lutte antiterroriste.
En 2010, alors que David Petraeus est nommé chef des forces américaines en Afghanistan, Paula Broadwell se rend dans le pays pour écrire sa biographie. Un best-seller dès sa parution.
Paula Broadwell et David Petraeus deviennent amants.
En 2011, Petraeus quitte l'armée et devient directeur de la CIA.
Dans le même temps, Jill Kelley, une proche de David Petraeus, se plaint d’être harcelée par mail et saisi le FBI. L’enquête montre que l’auteur de ces envois est Paula Broadwell, jalouse d’une possible relation de Jill Kelley avec son amant.
La liaison du général avec celle que les médias appelleront la «Lewinsky du Pentagone» est mise à jour. Petraeus donne sa démission le 9 novembre 2012. ( REUTERS/ISAF/Handout)
Jill Kelley, 37 ans, d'origine libanaise, est une très belle femme. Cette mère de trois enfants organise des soirées mondaines pour des gradés de l’armée américaine à Tampa, en Floride.
Elle a arrêté ses études de médecine en 2002, après la naissance de son premier enfant. Et comme son amie Paula Broadwell, elle est mariée à un médecin et vit dans une somptueuse maison sur les hauteurs de la ville.
La demande de Jill Kelley au FBI d’enquêter sur des mails menaçants (l’enquête montrera qu’ils sont envoyés par Paula Broadwell) déclenche involontairement le «scandale des généraux». Le FBI découvre que la jeune femme entretient une importante relation par mail avec John Allen, successeur de David Petraeus au poste de commandant des forces armées en Afghanistan.
Le Pentagone s’inquiète de savoir si Jill Kelley a eu accès à des documents classés secret-défense.
De plus, John Allen étant lui aussi marié, leur correspondance est jugée déplacée. Cette conduite inconvenante, en violation avec le règlement militaire, le fait tomber en disgrâce. Sa nomination comme commandant suprême des forces alliées en Europe est ajourné.
Le 23 janvier 2012, innocenté par le Pentagone, John Allen peut prétendre de nouveau à une promotion. A la surprise générale, il annonce le 19 février 2013 à l’âge de 60 ans, qu’il prend sa retraite. (Tim Boyles/Getty Images/AFP)
Christine Deviers-Joncour a défrayé la chronique dans le cadre de l'affaire Elf et des frégates de Taïwan. Affaire qui a mis à jour un réseau de corruption et de financement occultes, entre hommes politiques et grands patrons.
Elle est embauchée en 1989 comme chargée de mission au sein du groupe Elf, alors qu’elle n’a aucune qualification professionnelle ni expérience des affaires. Maîtresse depuis 1986 de Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, elle fait du lobbying auprès du ministre et des milieux d’affaires.
En plus de toucher un salaire de 50.000 francs mensuels et d’avoir carte blanche pour sa carte bleue fournie par Elf, elle touche des millions de francs de commissions occultes.
Femme de paille, entremetteuse ou «Putain de la république», selon ses détracteurs, elle mène grande vie pendant plusieurs années.
Mise en examen par la juge Eva Joly en 1997, elle est condamnée et incarcérée pendant cinq mois à Fleury-Mérogis pour complicité d’abus de biens sociaux.
Après de nombreux rebondissements, et alors que l’enquête n’est toujours pas close, Roland Dumas démissionne le 29 février 2000 de son poste de président du Conseil constitutionnel.
Le 29 janvier 2003, la cour d`appel de Paris acquitte Roland Dumas.
Aujourd’hui, Christine Deviers-Joncour continue de rembourser plusieurs millions d’euros d’arriérés d’impôts que le fisc lui réclame.
En 2012, elle sort un livre, Ces messieurs d'en haut, sur les relations sulfureuses entre sexe et pouvoir. Sa morale : «Evitez les hommes de pouvoir.» (AFP PHOTO PIERRE ANDRIEU)
Monica Lewinsky est née à San Francisco en 1973 dans un milieu aisé.
Après avoir obtenu un diplôme de psychologie en 1995, elle décroche grâce a une connaissance un poste de stagiaire, puis un poste rémunéré à la Maison Blanche.
En 1998, une enquête est ouverte pour harcèlement sexuel à l’encontre du président des Etats-Unis Bill Clinton, suite à la plainte de Paula Jones, ancienne employée de l'Etat de l’Arkansas, où Clinton a été sénateur.
L’affaire prend une autre tournure quand apparaît le nom de Monica Lewinsky. La jeune fille est soupçonnée d’une liaison avec le président.
Si dans un premier temps Bill Clinton nie avoir eu des rapports sexuels avec Monica Lewinsky, quelques temps après, il se rétracte et avoue. Accusé d’avoir menti sous serment, il est alors à deux doigts d’être destitué.
Sur deux chefs d’accusation, fausse déclaration sous serment et obstruction à la justice, une procédure d'impeachment est enclenchée contre lui. Mais cette procédure, qui permet de destituer un haut fonctionnaire, est repoussée par les sénateurs. Bill Clinton est acquitté le 12 février 1999.
Devenue célèbre pour de mauvaises raisons, la jeune fille décide d’écrire sa biographie. Si décrié par la critique, le livre lui rapportera 500.000 dollars et plus d’un million de dollars de droits internationaux. Qui ne permettront pas de combler ses dettes.
Après avoir tenté de créer une ligne de sacs à main, elle part s’installer à Londres en 2006, où elle obtient un mastère de psychologie sociale à la London School of Economics.
Qu’elle soit l’égérie de programmes d’amincissement, pigiste pour la chaîne anglaise Channel 5 ou qu’elle participe à des émissions de téléréalité, son sulfureux passé la rattrape toujours. Il lui est de plus en plus difficile d’être embauchée.
Est-ce pour cette raison que quatorze ans après les faits, elle déclare publiquement vouloir écrire un nouveau livre où toute la vérité et même les détails les plus scabreux seront révélés. Les éditeurs à l’affût du bon coup se disent prêt à débourser neuf millions d’euros pour avoir l’exclusivité. (© STR New / Reuters)
Christine Keeler, mannequin mais aussi call girl dans les milieux huppés britanniques, a 19 ans en 1961 quand elle rencontre John Profumo, ministre de la Guerre dans le gouvernement conservateur du Premier ministre Harold Macmillan. Profumo est marié à Valerie Hobson, une actrice de cinéma.
La sulfureuse jeune femme est mise en contact avec le ministre par Stephen Ward, médecin libertin qu’elle a rencontré dans un club de Soho, alors qu’elle était danseuse topless. Ward organise des parties fines pour la haute société.
Quelques mois après sa rencontre avec Christine Keeler, Profumo découvre que la belle a un autre amant, Evgueni Ivanov, l’attaché principal de la marine soviétique et espion pour les renseignements militaires d’URSS. Le ministre britannique arrête immédiatement sa liaison.
Alors que Christine Keeler porte plainte contre un autre amant violent, celui-ci, fou de rage dévoile les parties fines organisées par Ward et les hautes personnalités qui y participent. Profumo est alors obligé de reconnaître avoir fréquenté la sulfureuse jeune femme.
Une enquête est alors menée pour savoir si la sécurité du pays n'a pas été menacée et l'affaire Profumo prend une dimension nationale. Le scandale qui fait la une des journaux du monde entier fait chuter le Premier ministre Harold Macmillan et, par extension, fait perdre les élections législatives au Parti conservateur. Six mois après le début scandale, Profumo démissionne, le 4 juin 1963.
Inculpé de proxénétisme et de trafic de drogue, le docteur Ward se suicide le 31 juillet 1963.
Profumo et son ancienne maîtresse sont lavés de tous soupçons. Mais l’ancien ministre renonce à la vie politique et s'engage dans des actions caritatives.
Quant à Christine Keeler, sa biographie et ses nombreux écrits sur sa vie mouvementée lui assurent une rente confortable. (AFP)
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