Deux tableaux volés ornaient la cuisine d'un ouvrier italien depuis quarante ans
Estimées à des millions d'euros, il s'agit de deux toiles de Gauguin et Bonnard, dérobées en 1970 à une riche famille britannique, à Londres.
Elles ornaient depuis quarante ans la cuisine d'un ouvrier italien du constructeur automobile Fiat. Deux toiles de Gauguin et Bonnard ont été retrouvées après une enquête rocambolesque des gendarmes italiens. Les œuvres ont été dévoilées mercredi 2 avril. Elles avaient été dérobées en 1970 à une riche famille londonienne.
"Il s'agit de tableaux d'une importance historique et artistique exceptionnelle", selon le général des carabiniers. Ce dernier a évoqué, pour le Gauguin, une estimation de plusieurs dizaines de millions d'euros. Les tableaux ont été dévoilés mercredi à Rome (Italie), devant le ministre de la Culture, rapporte La Repubblica (en italien).
Deux tableaux volés de façon "rocambolesque"
Dédiée à une comtesse, Fruits sur une table ou nature morte au petit chien a été peinte par Paul Gauguin (1848-1903) en 1889. Ses dimensions originales (49x54 cm) ont été réduites par les voleurs à 46,5x53 cm. Quant à l'autre toile, dévoilée elle aussi lors d'une conférence de presse du ministre de la Culture italien, Dario Franceschini, il s'agit de La femme aux deux fauteuils (44x54 cm) de Pierre Bonnard (1867-1947), non datée.
Ces tableaux avaient été volés en 1970 au domicile d'une riche famille de Londres, les Marks-Kennedy. Les héritiers de la famille peuvent désormais à tout moment "revendiquer la propriété" des deux œuvres, a expliqué le général des carabiniers. Ces toiles ont été volées de façon "rocambolesque". Un article d'époque du New York Times, retrouvé par l'AFP, raconte comment trois hommes, venus soit-disant poser des alarmes anti-vol, ont demandé à la gouvernante d'une villa du quartier cossu de Regent's Park de leur préparer un thé. Au retour de la bonne, les toiles avaient disparu.
Deux toiles vendues pour une somme ridicule en 1975
Digne d'un film, l'histoire de ces toiles est tout aussi "rocambolesque", a ajouté le général des carabiniers. Après leur vol, elles ont été "oubliées dans un train Paris-Turin", avant d'être retrouvées par le personnel des chemins de fer italiens, "qui ne s'est pas rendu compte de leur valeur", a poursuivi le général. Consignés un certain temps aux objets trouvés, les deux tableaux sont mis aux enchères à Turin en 1975 et achetés, pour la somme ridicule de 45 000 lires de l'époque (23 euros), par "un ouvrier de la Fiat, passionné d'art".
"L'homme les a ensuite accrochés sur les murs de sa cuisine, d'abord à Turin, puis en Sicile après avoir pris sa retraite, où ils sont restés pendant 40 ans jusqu'à ce qu'on les récupère", a précisé le militaire. Il a dû convaincre l'ouvrier sicilien, via des avocats, de remettre ces objets aux enquêteurs. Il reste à reconstituer "les étapes du parcours des œuvres", du vol jusqu'à leur découverte dans le train, a-t-il conclu.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.