En Moldavie, des fonctionnaires suspectés d'avoir été payés pour effacer des notices rouges Interpol de fugitifs liés au crime organisé
Des pots-de-vin de plusieurs millions de dollars. La justice anticorruption moldave, accompagnée d'enquêteurs français et américains, a lancé, mardi 4 juin, un vaste coup de filet visant des fonctionnaires de Moldavie. Ils sont suspectés d'avoir été payés pour effacer ou bloquer des notices rouges Interpol visant des fugitifs liés au crime organisé, notamment du trafic de stupéfiants.
"Un groupe de personnes de différentes nationalités est suspecté d'avoir mis en œuvre un schéma de corruption pour permettre à des personnes recherchées de bloquer et d'effacer les notices rouges qui les visent, en versant des pots-de-vin à des agents publics, notamment en Moldavie", a précisé le procureur du Parquet national financier (PNF), Jean-François Bohnert, dans un communiqué. Parmi ces fugitifs figurent "quelques gros poissons", dont des Français ou des individus recherchés par la France, précise à franceinfo une source proche du dossier.
Les notices rouges d'Interpol sont émises après un mandat d'arrêt ou une décision prise par les autorités judiciaires d'un des 196 pays membres. Elles sont adressées aux forces de l'ordre du monde entier pour localiser un individu recherché. Interpol a par exemple émis, à la demande de la France, une notice rouge à l'encontre de Mohamed Amra, le détenu qui s'est évadé lors d'un transfert et d'une fusillade mortelle au niveau d'un péage dans l'Eure le 14 mai. Au total, 70 000 personnes font l'objet d'une notice.
Quatre personnes placées en garde à vue
Interpol, dont le siège se trouve à Lyon, a alerté les autorités judiciaires françaises de l'existence de cette piste moldave. "Nos solides systèmes de suivi ont permis de déceler des activités suspectes en rapport avec un petit nombre de notices rouges, explique l'organisation sur son site. Nous avons pris des mesures immédiates, notamment en signalant le problème aux autorités chargées de l'application de la loi de notre pays d'accueil, la France."
Sur la base du signalement d'Interpol, le PNF a ainsi ouvert en août dernier une enquête confiée à la police judiciaire et à l'Office central anticorruption (OCLCIFF). Dans ce cadre, une coopération a été initiée avec la justice anticorruption moldave et les deux pays ont signé en avril un accord d'équipe commune d'enquête, précise le procureur français dans son communiqué.
Le Bureau fédéral d'investigation américain (FBI) a été associé aux enquêtes pour apporter un soutien technique, et a participé aux perquisitions menées mardi en Moldavie. Elles ont visé douze personnes, principalement des fonctionnaires en lien avec l'Interpol local, selon une source proche du dossier à franceinfo. Des téléphones portables, des ordinateurs et des documents ont été saisis et quatre personnes placées en garde à vue pour une durée pouvant aller jusqu'à 72 heures. Les investigations doivent maintenant se poursuivre afin d'identifier les commanditaires à l'origine de cette corruption.
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