Face à la dette record du pays, le Premier ministre grec s'est résolu vendredi à demander de l'aide à l'UE et au FMI
"Il est impératif que nous demandions l'activation du mécanisme" d'aides, a dit Georges Papandréou, alors que l'Allemagne continue de poser ses conditions.
Samedi, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a appelé le FMI, les Européens et la Grèce à agir vite pour résoudre la crise financière grecque.
Mille personnes ont manifesté vendredi soir à Athènes et Thessalonique à l'appel de plusieurs organisations de la gauche radicale contre la décision du gouvernement de recourir à l'aide UE-FMI.
De brefs affrontements ont eu lieu à Athènes entre police et manifestants devant le siège de la Commission européenne où ils étaient rassemblés.
Le gouvernement grec a demandé à l'UE et au FMI de lui prêter un total de 45 milliards d'euros (30 pour l'UE, 15 pour le FMI). Il a bénéficié jusque-là d'un soutien fort de l'opinion, qui pourrait toutefois s'effriter si la Grèce se voit imposer par l'UE et le FMI des mesures d'austérité supplémentaires pour réduire son déficit en contrepartie de l'aide promise.
Berlin pose ses conditions au sauvetage
La chancelière allemande Angela Merkel a posé vendredi un certain nombre de conditions pour aider Athènes. Et ce, alors même qu'Athènes et d'autres pays européens considèrent que le versement de fonds à la Grèce est quasiment chose faite. Le plan d'aide sera activé seulement si "la stabilité de l'euro dans son ensemble" était menacée, et si Athènes présente un "programme d'économies crédible" afin de venir à bout de ses déficits publics abyssaux, a prévenu la dirigeante allemande. Angela Merkel a jugé qu'il n'était "pas possible aujourd'hui de livrer des informations sur la nature ou le montant de l'aide" qui irait à la Grèce. "Une décision sera possible seulement quand le programme (d'économies) sera présenté", sans doute "dans quelques jours", a ajouté la chancelière, précisant avoir eu un entretien téléphonique avec son homologue grec.
L'Allemagne, première économie européenne, sera le plus gros contributeur au plan d'aide, dont le volet européen prévoit des crédits bilatéraux de l'ordre de 30 milliards d'euros cette année. L'opinion publique allemande est majoritairement hostile à un sauvetage d'Athènes. Le gouvernement de Berlin s'est braqué pendant longtemps contre une aide qui impliquerait l'Allemagne.
Samedi, certaines voix s'élevaient pour envisager une sortie de la Grèce de la zone euro. Pour le chef du groupe conservateur allemand CDU/CSU au Parlment européen, Werner Langen, l'aide adoptée n'apportera pas de solution durable à la crise. La "véritable alternative" serait que la Grèce "quitte la zone euro et redevienne compétitive à l'aide de rudes réformes structurelles", a-t-il déclaré au Spiegel.
Une source interne au parti a déclaré à l'AFP qu"'il ne s'agit pas d'une position officielle de la CDU/CSU". Le sujet devrait être débattu lundi lors de la réunion hebdomadaire des dirigeants conservateurs.
Autres réactions
Les Etats-Unis soutiennent la demande d'aide d'urgence effectuée par la Grèce auprès du FMI et de l'UE, a fait savoir la Maison blanche.
France: "La décision du gouvernement grec a le mérite d'indiquer que le processus est lancé, ce que manifestement le marché attendait dans l'inquiétude et dans l'incertitude", a déclaré vendredi la ministre de l'Economie Christine Lagarde, quelques minutes avant l'ouverture d'une réunion des ministres des Finances du G20.
Espagne: "Le cas de la Grèce est un cas spécial auquel nous devons faire face de manière coordonnée entre nous", a déclaré la ministre de l'Economie Elena Salgado, en apportant le soutien de son pays au plan d'aide. L'Espagne doit contribuer à hauteur de 3,67 milliards d'euros au plan d'aide de 30 milliards d'euros prévu pour la Grèce dès la première année. Ce plan décidé par les Européens court sur trois ans.
Quels délais pour le versement ?
Le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou a estimé vendredi que le "déblocage" de l'aide financière UE-FMI que son pays a demandé se ferait en "quelques jours". Le traitement de la demande de la Grèce se fera "d'une façon rapide", avait auparavant indiqué un des porte-parole de la Commission de Bruxelles.
Christine Lagarde a dit espérer que les autorités françaises approuveraient entre le 3 et le 6 mai, leur volet du plan d'aide à la Grèce, lequel prévoit jusqu'à 3,9 milliards d'euros de prêts en 2010.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a promis vendredi soir à Washington que ce programme serait prêt "début mai".
Alors que jeudi, l'euro avait terminé à son plus bas par rapport au dollar, depuis un an, ce qui accentuait la pression sur la drachme, la monnaie européenne rebondissait un peu vendredi à 1,3362 dollar contre 1,3293 (pour un euro), à 18h à Paris.
"En demandant formellement une aide financière à l'Europe et au FMI, la Grèce a réduit les chances que ne se produise une crise financière grave à court terme mais des incertitudes considérables persistent", jugeait ainsi Ben May, économiste chez Capital Economics, soulignant que le plan d'aide ne serait pas "un coup de baguette magique". Pourtant des doutes persistent sur la mise en oeuvre du plan. Les marchés "restent inquiets de la pérennité à long terme des finances publiques grecques", a indiqué Giego Isacro, économiste chez IHS Global Insight.
Et les risques d'une contagion à d'autres pays restent toujours d'actualité. Le président de la Banque centrale allemande, Axel Weber, a ainsi estimé vendredi que "le risque de contagion" avait augmenté et que de trop nombreux pays "avaient "toujours des déficits publics trop élevés".
Le déficit grec plus important que prévu
La demande du Premier ministre grec intervient au lendemain de l'annonce de l'Office européen des statistiques qui a une nouvelle fois revu à la hausse le déficit grec, à 13,6% du PIB, contre 12,9% annoncé jusqu'ici par Athènes. Cela "ne change pas l'objectif que nous avons fixé pour 2010 de réduire le déficit de 4 points de pourcentage, car nous avons déjà pris des décisions difficiles qui vont même nous permettre de dépasser cet objectif", a assuré le premier ministre grec, Georges Papandréou.
Mais l'agence de notation Moody's a abaissé la note de la Grèce d'un cran, à "A3". Elle a prévenu qu'elle l'abaisserait sans doute de nouveau, au motif qu'elle doutait de la capacité d'Athènes à atteindre cet objectif. Effet de cette dégradation, la monnaie européenne est tombée à son plus bas depuis près d'un an.
Sur le marché obligataire, l'inquiétude sur la solvabilité de la Grèce a eu des retombées sur d'autres pays de la zone euro, également lourdement endettés, comme le Portugal et l'Irlande.
Infographie animée présentant les principaux pays contributeurs et le calendrier de l'aide internationale.
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