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Grèce : les électeurs d'Alexis Tsipras se sentent trahis

Alexis Tsipras est rentré à Athènes. Si les européens sont plutôt contents, les Grecs le sont beaucoup moins. Les électeurs de Tsipras ont le sentiment d’avoir été trahis et que leur Premier ministre leur impose un nouveau tour de vis. Ils ont manifesté ce mardi.
Article rédigé par Isabelle Chaillou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Avec ses nouvelles réformes, Alexis Tsipras a perdu la confiance de ses électeurs © REUTERS/Paul Hanna)

Il y a presque cinq mois jour pour jour, Alexis Tsipras était élu Premier ministre sur la double promesse de mettre fin à l’austérité et de se défaire de la tutelle des institutions européennes et du FMI.

Mais depuis, pour tenter d’obtenir un accord avec ses créanciers, le Premier ministre a mis sur la table une réforme des retraites. S’il n’y a pas de baisses des pensions, il y a une forte hausse des cotisations, la suppression des régimes de préretraite et un possible recul de l’âge de départ à 67 ans contre 62 aujourd’hui. Margerita, 64 ans, avait fêté la victoire de Siriza, le parti de la gauche radical, mais mardi 23 juin, elle est allée manifester dans les rues d’Athènes comme quelques milliers d’autres retraités.

"Augmentation des taxes, des cotisations santé… Tout augmente mais nos pensions n’arrivent pas à couvrir nos besoins. On a des enfants au chômage et on ne peut pas les aider. Tsipras a menti, Tsipras a beaucoup menti. On a voté pour lui et il nous a trahis et ça n’est pas que mon opinion, mais celle de beaucoup de gens ici. "

Hausse de la TVA

Trahison, mensonge, des mots très durs, de la part des anciens partisans d’Alexis Tsipras. Mais la réforme des retraites, n’est pas la seule promise par le gouvernement grec. L’autre réforme concerne la hausse de la TVA.

Athènes a fait de grosses concessions : pour l’alimentation, la TVA passerait à 13%., et à 23 % pour les services. L’objectif est de ramener deux milliards en deux ans dans les caisses de l’Etat.

Cette hausse annoncée de la TVA donne des sueurs froides à Nikos Rompapas, patron d’une start up qui a lui aussi cru à la promesse de la fin de l’austérité. Mais aujourd’hui, il pense que si un accord est finalisé ce sera de toute façon en vain.

"C’est probablement mieux que pas d’accord du tout, mais je crois que ça nous conduira quand même à la faillite car ils ne pourront pas collecter les sommes d’argent qu’ils promettent. C’est impossible. Nous par exemple, on peut à peine payer les taxes qui existent déjà. On a créé une entreprise, en pleine crise, on veut rester ici. Mais s’ils augmentent les taxes soit on transfèrera l’entreprise à Chypre, soit on quittera complètement le pays. "

Vers une crise politique

Pour l’instant Alexis Tsipras n’a obtenu aucune garantie de ses partenaires européens sur une autre promesse : la renégociation de la colossale dette grecque, près de 320 milliards d’euros.

Chez les libéraux du parti To Potami, la députée Christina Tachiaou dénonce la stratégie du secret entretenu par le gouvernement autour de ces négociations pourtant cruciales. "Nous les parlementaires, nous n'avons aucune informations, sur les tractations, nous devons nous contenter de ce qu'écrivent les journalistes. "

Si un accord est trouvé avec les créanciers, Alexis Tspiras demandera un vote de confiance à son Parlement. Mais certains élus de son parti Siriza menacent déjà de ne pas valider le plan de réforme, ouvrant la voie à une possible crise politique. 

Grèce : Les reculades d'Alexis Tsipras. Le reportage d'Isabelle Chaillou
 

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