Hervé Ghesquière à la rencontre des lycéens
Hervé Ghesquière ne se lasse pas de parler. Il vient de publier un ouvrage, «547 jours». Le livre raconte sa vie d'otage qui s'est achevée il y a un an, et qui livre surtout une contre-enquête sur sa libération, et ce qui s'est passé en France tandis qu'il était aux mains de ses ravisseurs. Face aux lycéens, il se présente brièvement, insiste en souriant sur l'importance des études et de la connaissance de la langue anglaise, puis laisse la parole à son public.
Les jeunes ont préparé leur sujet, ils veulent entendre la même chose que les journalistes il y a un peu plus d'un an, un récit détaillé. Ils questionnnent pêle-mêle sur les conditions de la prise d'otages, l'attitude des autorités françaises, la vie d'après-détention, sur sa vision du journalisme aujourd'hui, sur ce qui fait tenir le coup lorsqu'on est prisonnier. Longuement, Hervé Ghesquière répond. L'emploi du temps que l'on charge malgré le vide, la radio qui aide à tenir, les conditions à peine pire que celles vécues par les Afghans au quotidien, les pensées qu'il ne faut pas trop laisser partir vers la France sous peine de déprime, voir pire, les jours que l'on compte, l'attitude des geôliers...
On pourrait le croire lassé, mais il ne s'offusque jamais du «déjà entendu» dans les questions. «Je ne suis un taiseux, après ma libération j'ai eu besoin de parler», dit-il. Ce besoin de parler s'est traduit par un livre qu'il évoque avec les lycéens : «J'ai mené cette contre-enquête pour comprendre cette levée de bouclier contre nous, lorsque nous étions otages. Nous étions les vilains canards du journalisme, des inconscients. Pendant deux mois, des fausses informations sur nous ont été divulguées à la presse. Aujourd'hui je sais que c'est un seul homme, un lieutenant-colonel de l'armée, qui en est à l'origine».
Ce n'est pas le seul message qu'Hervé Ghesquière vient délivrer à Bayeux. Il le dit aux lycéens avant de clore l'échange. «Il y a une chose dont on ne parle pas en ce moment, et c'est grave, aussi. Il n'y a pas de journalistes qui se rendent en Afghanistan en ce moment, pas de reportages. On ne sait pas ce qui se passe, l'armée refuse d'accueillir la presse, sous prétexte de déménagement de troupes. C'est grave pour le journalisme, c'est grave pour la démocratie». Le journaliste referme la parenthèse en fixant les lycéens, espérant avoir insufflé quelques questionnements sur les médias et sur le monde dans lequel ils vivent.
Quant aux lycéens, ils repartent conquis par l'homme, même s'ils ne sont pas sûrs de suivre sa voie !
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