Hongrie : la Constitution sur mesure du Premier ministre Orban
Qualifié d'autocrate par l'opposition, Viktor Orban a modifié le texte, qui est entré en fonction le 1er janvier. Il donne davantage de pouvoir au dirigeant et à ses proches.
Petit à petit, le Premier ministre Viktor Orban remodèle la Hongrie à son image. Celui que l'opposition qualifie d'autocrate a entamé depuis 18 mois une profonde réforme de la législation du pays. Voici les principales lois du "système Orban" entrées en vigueur avec la nouvelle Constitution le 1er janvier et qui transforment tous les secteurs de la société hongroise :
Des postes clés aux mains des proches
• Les mandats des postes à haute responsabilité de l'Etat, notamment dans les secteurs de l'économie, de la police, de la justice et de l'armée passent à neuf ou douze ans. Tous sont actuellement occupés par des proches de Viktor Orban, ce qui signifie qu'un futur gouvernement d'une autre couleur politique sera confronté à un appareil d'Etat hostile, entièrement aux mains du Fidesz, le parti au pouvoir en ce moment.
• Dans le domaine politique, la Constitution rend rétroactivement "responsables des crimes communistes" commis jusqu'en 1989 les dirigeants de l'actuel Parti socialiste (ex-communiste), ce qui a amené ces derniers à dénoncer "la mise en place d'une dictature".
Une législation verrouillée
• Aidé par le fait que son parti a emporté au Parlement les deux tiers des sièges en octobre 2010, Viktor Orban a donné à une série de lois une valeur constitutionnelle. Elles ne pourront donc être modifiées que par une majorité des deux tiers des députés. Ces lois vont donc être extrêmement difficiles à changer car il est peu probable à l'avenir qu'un gouvernement issu de l'opposition dispose d'une telle majorité.
• Il en est ainsi de la loi sur "la stabilité financière", qui inscrit dans le marbre le taux unique de 16 % de l'impôt sur le revenu. Cette mesure lie les mains d'un futur gouvernement car elle rend très difficile l'instauration de mesures fiscales urgentes pour faire face à une crise grave qui entraînerait un important déficit public.
• Une autre loi prévoit également de réformer la Banque centrale hongroise, lui faisant perdre une grande partie de son indépendance. Elle retire à son président le pouvoir de nommer les administrateurs, au profit du chef de l'exécutif, Viktor Orban. Ces nouveaux banquiers centraux pourront même renverser le Parlement en cas de conflit sur le vote du budget.
Une vraie mise sous tutelle qui n’est pas du goût de l’Union européenne. En raison de ce contentieux, la Commission européenne et le Fonds monétaire international ont décidé d'interrompre une mission en Hongrie, destinée à discuter d'une aide financière évaluée entre 15 et 20 milliards d'euros.
Des interdictions dans la sphère privée
• La nouvelle Constitution touche aussi à la vie privée : elle décrète que l'embryon est un être humain dès le début de la grossesse, ce qui fait craindre aux associations et à l'opposition que l'avortement sera désormais difficile.
• De même, le texte stipule que le mariage ne peut avoir lieu qu'entre un homme et une femme, excluant ainsi les unions homosexuelles.
Mise au pas des médias
Outre ces lois restrictives, le Premier ministre a aussi mis au pas les médias publics, avec des licenciements massifs ou la mise en préretraite de journalistes indociles, en dépit d'une grève de la faim de plusieurs d'entre eux, aussitôt licenciés. Et Klubradio, seule radio d'opposition, a perdu sa fréquence.
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