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Hongrie: Viktor Orban défie l'Europe sur la peine de mort

Les prises de position du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, soulèvent des réactions passionnées en Europe. Dernier exemple en date: ses déclarations sur la nécessité de relancer le débat sur la peine de mort dans son pays. Le président de la Commission de Bruxelles, Jean-Claude Juncker, a estimé que la Hongrie devrait quitter l’UE si elle persistait dans cette voie.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, en train de discuter avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, à, Riga (Lettonie) le 22 mai 2015. Lors de leurs retrouvailles, le premier avait lancé au premier: «Salut, dictateur!». Une plaisanterie? Ou une demi-plaisanterie? (REUTERS - Ints Kalnins)

En Europe, Viktor Orban est souvent accusé de «dérives autoritaires». Notamment en raison de la mise en place d’une nouvelle Constitution, jugée «liberticide». «C’est un raccourci mortifière qui stigmatise sans justification et sans laisser aux Hongrois la possibilité de développer leur argumentation», s'est plaint devant Géopolis l’ambassadeur de Hongrie en France, Georges Károlyi.

Autre exemple de «stigmatisation» : la prise de position du Premier ministre sur la peine de mort. En avril 2015, Viktor Orban avait estimé que la question devait «être remise à l’ordre du jour en Hongrie», 15 ans après son abolition, suite à l’assassinat d’une vendeuse de 19 ans dans un bureau de tabac. «A partir de là, les moteurs se sont emballés, comme s’il avait l’intention de la rétablir. Il y a eu une campagne de presse, des prises de position internationales», constate Georges Károlyi.

Dans une interview à la Süddeutsche Zeitung, le président de la Commission de Bruxelles, Jean-Claude Juncker, a déclaré que la Hongrie devrait quitter l’UE si elle réintroduisait la peine capitale. Le 28 mai 2015, il avait déjà menacé le premier ministre hongrois d’une «bataille» si ce dernier persistait dans ses projets. «La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne interdit» la peine de mort, a-t-il rappelé. En l’accueillant le 22 mai au sommet de Riga, il avait lancé à Viktor Orban une plaisanterie plutôt inhabituelle dans ce genre d'enceinte: «Salut, dictateur!». Derrière la plaisanterie, livrait-il le fond de sa pensée?
 
Face au tollé, le chef du gouvernement hongrois avait assuré que son pays ne «prévoit pas» la réintroduction de la peine capitale. Avant d’expliquer le 8 mai, selon des propos rapportés par l’AFP: «Si nous pouvons protéger (les citoyens) sans réintroduire la peine de mort, parfait, mais si cela ne fonctionne pas, alors il faut la réintroduire.»
 
«Viktor Orban n’a jamais eu l’intention» de la rétablir, affirme l’ambassadeur. «On lui fait là un mauvais procès. Il veut débattre. En quoi est-ce condamnable ? Ceux qui présentent les meilleurs arguments peuvent ainsi convaincre les autres. Il faut voir que c’est un sujet dont on parle dans l’opinion. Pendant cette affaire, aux Etats-Unis, on a condamné à mort l’auteur des attentats de Boston. La plus grande démocratie du monde, elle, applique la peine capitale sans débat !»

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