Italie : les obstacles qui attendent le successeur de Berlusconi
Au lendemain de l’annonce du départ de Silvio Berlusconi, l’Italie se cherche un nouveau président du Conseil. Un poste habituellement convoité, sauf en ce moment. Avec la crise, les défis que devra relever le remplaçant du Cavaliere sont énormes.
Alors que l'Italie est en pleine crise, Silvio Berlusconi s'est résigné mercredi 9 novembre à annoncer sa démission prochaine. Qui prendra sa suite ? La question devrait être prochainement tranchée, mais Mario Monti semble tenir la corde. Une chose est sûre, la tâche s'annonce rude. Passage en revue des obstacles qui se dresseront sur la route du prochain président du Conseil.
• Trouver un consensus politique
C’est la priorité, et même l’urgence. La monstrueuse dette italienne et le flottement politique alimentent la nervosité des marchés et font s'envoler le coût des emprunts pour l'Etat. Les taux d’intérêts des obligations du Trésor italien sont ainsi passés mercredi 9 novembre de 6,7 % à presque 7,2 %. Pour éviter une réaction en chaîne, tous les industriels du pays ont réclamé le jour-même "un exécutif d’urgence ayant une large base parlementaire".
Mais après dix-sept ans de Berlusconi, c’est tout un équilibre politique qui est à retrouver. Le président Giorgio Napolitano a deux options : former un nouveau gouvernement "capable d'obtenir la confiance du Parlement" ou, à défaut, "dissoudre le Parlement pour donner immédiatement le coup d'envoi d'une campagne électorale qui se déroulera dans des délais les plus brefs".
Pour que la première hypothèse aboutisse, un homme doit faire le consensus auprès de la douzaine de partis représentés au Parlement. Les experts sont inquiets et craignent que l'Italie retombe dans ses vieux travers : des pourparlers qui n'en finissent pas et une crise politique qui s'enlise. Conscient de l'urgence, Giorgio Napolitano a souhaité "un changement dans les comportements politiques", y compris en brisant "de vieux tabous", des propos interprétés comme un appel à un gouvernement d'union nationale.
• Remettre le pays en état de marche
Mais les marges de manœuvre du futur président du Conseil seront plus que limitées. Déjà, les experts de l'Union européenne sont à Rome avec pour mission de surveiller la mise en œuvre du plan de rigueur promis lors du sommet européen du 27 octobre et lors du G20 de Cannes. D'autres experts, du Fonds monétaire international (FMI) cette fois, sont attendus d'ici à la fin du mois.
Et les perspectives ne sont pas plus réjouissantes. Selon la Banque centrale européenne (BCE), la croissance italienne devrait être quasi nulle en 2012 (0,1 %), la dette dépasse déjà les 120 % du PIB, le secteur industriel du pays n'est plus adapté à la concurrence internationale et le chômage des jeunes frôle les 30 %. Un assouplissement du droit du travail s’impose, mais il risque d'être difficile car les syndicats menacent d’appeler à la grève générale. Des hausses d’impôts seront également inévitables. Des mesures d'envergure semblent donc nécessaires, avec les risques d'instabilité qu'elles pourraient engendrer. L'exemple grec est là pour le rappeler.
• Rendre sa crédibilité internationale à l'Italie
Lors de son arrivée au pouvoir en 1994, Silvio Berlusconi incarnait le self-made man, un entrepreneur talentueux ayant bâti lui-même sa fortune, bon gestionnaire et figure mondialement connue. Dix-sept ans plus tard et surtout en pleine crise, les Italiens aspirent à plus de simplicité et d'efficacité. Ils ne veulent plus voir leur représentant multiplier les frasques et devenir la risée des dirigeants internationaux comme lors du dernier sommet européen.
A force de multiplier les scandales, Silvio Berlusconi les a banalisés. Son successeur devra donc redorer le blason des hommes politiques italiens, et notamment faire oublier l'impunité dont a bénéficié son prédécesseur.
Pour relever tous ces défis, Mario Monti semble le mieux armé. Déjà adoubé par Berlusconi, qui lui a souhaité dans un message "un travail fructueux dans l'intérêt du pays", il a été nommé mercredi sénateur à vie par le président Napolitano et fait presque l'unanimité. Seule la Ligue du Nord, allié historique de Berlusconi s'est opposée à son arrivée. Agé de 68 ans, ce professeur d’économie s'est taillé une solide réputation de compétence et d'indépendance comme commissaire européen pendant près de dix ans (1995-2004). Il est bien vu de la BCE et du FMI. Deux interlocuteurs qui seront inévitables ces prochains mois.
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