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José Bové, du Larzac à Bruxelles

Certains noms ne vous seront pas inconnus, d’autres n’éveilleront sans doute rien en vous. Ils ne sont pas tous français, après tout ce Parlement est européen ! Une rapide fiche signalétique, un court portrait pas toujours totalement objectif et surtout trois questions : 1. Avez-vous l’impression d’être écouté, influent ? 2. Quelle est votre plus belle réussite ? 3. Votre plus beau flop ?
Article rédigé par Dominique Voegele
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min

Une parole et un personnage reconnu (European Union 2013-EP)

José
BOVÈ
Né le 11 juin 1953, Talence
France Europe Ecologie
Groupe des Verts/Alliance libre européenne
Député européen depuis 2009
http://jose-bove.eu/

 
 
Le bonhomme est étonnant. Comment un dangereux terroriste a-t-il pu en deux temps, trois mouvements devenir le Vice-président de la Commission de l’agriculture de ce Parlement européen ? Lui qui attaquait les Mac Do, lui qui fauche encore à ses moments perdus quelques champs de mais OGM…
Et bien tout simplement parce qu’il a su se frayer un chemin dans le labyrinthe européen. Ils sont peu nombreux ceux qui ont aussi vite compris comment tout cela fonctionne, quels sont les portes à ouvrir, les moquettes à fouler, les susceptibilités à vaincre ou à cajoler. Mais derrière cette remarquable adaptabilité, les rognes et grognes sont toujours les mêmes. Pas d’OGM, halte à la malbouffe, pas de gaz de schiste, pas de petits arrangements entre amis comme c’est parfois le cas à la Commission européenne. Notre fumeur de pipe a la moustache certes rieuse, mais aussi, quand il le faut, batailleuse. Cela dit si la PAC, la Politique Agricole Commune nouvelle formule a pris un petit coup de vert, l’ensemble du dispositif ne l’est pas assez, et de loin pour, satisfaire José Bové. Enfin quand on mange sainement, on aiguise son appétit et il n’est pas dit que celui de José Bové ne l’entraine pas plus loin que le simple poste d’eurodéputé. Il vient d’ailleurs avec sa jeune collègue allemande  Ska Keller de remporter la primaire des Verts européens à la candidature pour la présidence de la Commission européenne. Attention, chaud devant, le duo risque d’être redoutable.
 
 

  1. Pensez-vous avoir joué un rôle important lors de cette mandature ? Avoir été écouté ?
 
Cette question devrait plutôt être posée à mes collègues et aux différents Commissaires européens avec lesquels j’ai été amené à travailler. Le rapport que j’ai présenté pour renforcer la position des paysans face à l’agro-industrie a été voté par plus de 600 députés. Les propositions que je faisais pour améliorer les revenus des paysans ont donc été entendues par la plupart de mes collègues, quelques que soient leur nationalité ou leur orientation politique. Dés 2010, j’avais dénoncé le fait que la Présidente de l’EFSA, Mme Banati avait menti dans sa déclaration d’intérêt car elle ne reconnaissait pas ses liens avec les lobbies de l’agro-industrie. Elle a démissionné deux jours avant un vote de sanction du Parlement qui a refusé en 2012 de voter la décharge budgétaire de l’Agence dont elle avait la responsabilité. Les révélations que j’ai faites ont pesées au moment du vote.
 
  1. Votre plus belle réussite, fierté, gros coup ?
 
Début juin 2013, les autorités maltaises décidaient de stopper les poursuites judiciaires contre l’ex-commissaire John Dalli, limogé le 16 octobre 2012. Pendant huit mois je me suis efforcé de comprendre comment et pourquoi un Commissaire européen pouvait être congédié en moins de 30 minutes. J’ai découvert la puissance du lobby du tabac et les méthodes qu’il utilise pour défendre ses positions. Les conflits d’intérêt remontent au plus haut de la Commission européenne. Sous la pression des ONG, Michel Petite, ancien Directeur du service légal de la Commission européenne a du quitter fin décembre 2013 ses fonctions au Comité d’éthique. John Dalli a porté plainte devant la Cour Européenne de Justice et devant la Justice Belge. Le dossier suit son cours et j’attends avec intérêts les réponses que M. Barroso devra donner. J’espère qu’elles permettront de lever les zones d’ombres qui subsistent toujours dans ce dossier.
 
  1. Votre plus beau loupé, flop ?
Je me suis mobilisé pour que les subventions des aides versées aux agriculteurs soient plafonnées. Je trouve inacceptable que des agri-managers puissent percevoir parfois plus d’un million d’euros. Pendant le débat au Parlement européen sur la réforme de la PAC, j’avais proposé de plafonner ces aides. Au final, Il nous a manqué deux voix pour obtenir un plafonnement à 200 000 €. Les sommes en jeu étaient importantes. Nous aurions pu récupérer près de 2 milliards d’euros par an. Cet argent aurait permis de conforter l’agriculture paysanne et familiale ainsi que de lancer plus de projets pour développer les activités dans le monde rural.
 
 
 
 

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