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L'Allemagne nombril de l'Europe ?

Attention article à lire avec précaution. C’est un constat et non de l’anti-germanisme primaire. Et ce constat est simple, il y a une patronne en Europe et c’est l’Allemagne, pour être plus précis, Angela Merkel.
Article rédigé par Dominique Voegele
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Entre bons alliés objectifs et compatriotes (European Union 2014-EP)

A quelques heures d’un sommet européen qui devrait voir les chefs d’états et de gouvernement choisir Jean-Claude Junker, l’ancien premier ministre luxembourgeois, comme candidat à la présidence de la Commission européenne, on se rend bien compte du rôle joué par la chancelière allemande. En cas de vote nécessaire, ce qui n’est pas encore évident, l’anglais Cameron et le hongrois Orban pourraient se trouver bien isolés. Suédois et néerlandais, au départ hostiles à J.C.Junker, se sont rangés à l’avis général. Il aura suffit d’un voyage à Stockholm et d’une promenade en barque à Angela Merkel pour retourner l’opinion de ces deux leaders.
 Et si d’aventure David Cameron venait lui aussi à s’incliner, c’est bien parce qu’il aura obtenu quelques compensations non négligeables, comme par exemple un poste de super commissaire pour le candidat britannique. Ou, ce qui semble entériné, le poste de Secrétaire général de la Commission pour le britannique Jonathan Faul. Mais on a, pour reprendre l’expression excellente d’une consœur, l’impression que c’est Angela Merkel, dit Mutti (maman) en Allemagne, qui fait passer tous les castings.
 
Au Parlement européen aussi
 
Du côté de l’hémicycle strasbourgeois, dès que l’on soulève la moquette on trouve un ou une politique allemande. L’ancien président Martin Schulz, ancien président également du groupe des Socialistes et Démocrates rempile comme Président du groupe et se verrait bien, si rien d’autres ne lui était proposé reprendre aussi la présidence du Parlement pour les 30 mois à venir. Il vient de le négocier avec…un autre allemand, Manfred Weber, le nouveau président du groupe du Parti Populaire Européen (centre droit et droite modérée). Car les deux grands groupes politiques du Parlement européen, plus de 400 députés sur 750 sont présidés par des allemands. Ajoutez à cela la Gauche Unitaire européenne, 50 sièges environ, présidée aussi par une allemande issue du parti die Linke, Gabi Zimmer.
Enfin, cerise sur le gâteau, Rebecca Harms demeure l’une des deux co-présidentes du groupe des Verts au Parlement européen.
Alors, et même si les eurodéputés siègent avant tout dans le cadre de formations politiques, on est en droit de penser que les intérêts allemands seront plutôt bien représentés lorsqu’il s’agira d’élaborer et de voter certains textes. Car des dossiers sensibles, il y en aura, sur l’inflexion ou non des politiques économiques européennes pas franchement désirée par Berlin, sur l’Europe de l’énergie également.
 
A Bruxelles aussi
 
Quand les intérêts bien compris se rejoignent. On pensait que Martin Schulz obtiendrait peut-être un poste de compensation après les élections perdues par sa famille politique. Or des négociations dont je vous parlais un peu plus haut, il ressort que son rôle restera cantonné au Parlement européen. Angela Merkel veut en effet conserver à Bruxelles au sein de la Commission européenne son commissaire à l’énergie Gunther Oettinger. Il n’a rien pourtant d’un foudre de guerre mais l’ancien ministre Président du Bade-Wurtemberg pourrait jouer un rôle important dans cette Europe de l’énergie qui pourrait se dessiner dans les années à venir. Et la Chancelière allemande qui fonctionne avec sa grande coalition se sait tiraillée entre les exigences du SPD et ses chrétiens démocrates sur la question de l’énergie et du nucléaire. Alors autant conserver son homme dans la place.
De plus en acceptant, alors qu’elle n’est pas convaincue par l’homme, Jean-Claude Junker, puis en le soutenant, Angela Merkel, maitresse du jeu, s’est montrée respectueuse du choix effectué par les électeurs lors des élections de mai dernier. Un bon point pour elle qui lui donne un surcroit de légitimité. Un surcroit de poids politique également vis-à-vis de Jean-Claude Junker s’il était tenté de trop infléchir les politiques économiques européennes. Une demande exprimée par les sociaux-démocrates et par François Hollande.
 
J’avais il y a quelques semaines de cela commis un premier article pour l’émission de Véronique Auger, Avenue de l’Europe sur ce thème de l’Allemagne. Je posais alors la question, football oblige, de savoir, si à la fin l’Allemagne allait gagner. Et le respect par Angela Merkel du récent scrutin européen me paraissait être une condition sine qua non pour une victoire allemande. Réponse dans quelques heures ou quelques jours, mais l’avant centre Merkel a enfoncé quelques défenses européennes ;
 

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