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L'espace Schengen fête ses 30 ans
Après cette courte leçon d’histoire en images, quelques explications sur le fonctionnement de cet espace ne seront pas de trop. D'autant que 30 ans après, on parle de réforme, d’un espace passoire pour les uns, mal fichu pour d’autres avec, en toile de fond, la vraie question d’une politique commune d’immigration et d’asile.
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Cet espace Schengen possède une particularité première. Celle de réunir des Etats qui tous ne sont pas membres de l’Union européenne et des Etats membres de l’UE. En revanche certains dont le Royaume-Uni ne sont volontairement pas membre de l’Espace, et d‘autres frappent encore à la porte sans pouvoir y entrer comme la Roumanie ou la Bulgarie. Pour le Danemark, c’est un peu du Schengen à la carte et pour d’autres encore, comme la France d’ailleurs avec l’outre-Mer, certains territoires nationaux en sont exclus. Ajoutons pour faire simple ceux qui appliquent le système sans en faire partie comme le Vatican ou Saint-Marin. A l’arrivée, l’espace Schengen ce sont 26 pays dont 22 issus de l’Union européenne. Et les accords depuis le Traité de Lisbonne sont partie intégrante de l’acquis communautaire.
Vive la libre circulation
S’il est un acquis auprès du citoyen européen, c’est bien la libre circulation, une liberté plébiscitée par les personnes et considérée comme le résultat le plus positif de l’Union européenne avant même la paix.
Mais attention, l’espace Schengen, ce n’est pas seulement un espace dans lequel on se balade En toute liberté. L’espace Schengen, ce sont des frontières communes dont la surveillance est assurée depuis 2004 par une agence européenne Frontex. Ce sont des contrôles standardisés, une politique d’information et de renseignement avec un système informatique installé à Strasbourg. L’espace Schengen, ce sont des dérogations possibles devant des risques particuliers lors par exemple d’évènements sensibles comme de grandes rencontres sportives, ce sont aussi de nouvelles dérogations en cas d’immigrations dites incontrôlables et cela depuis juin 2012.
Réforme ou pas réforme
Cet espace Schengen, 30 ans après les accords et 20 ans après sa mise en route effective, semble remis en question. L’immigration, le terrorisme, l’internationalisation des crimes et délits amènent certains à vouloir réformer le système. Entre Europe forteresse et Europe passoire pour reprendre l’expression souvent utilisée, y compris par nous les journalistes lors d’émissions consacrées à ce thème. Sans doute l’action de Frontex paraît-elle un peu dérisoire et mériterait plus de moyens humains et matériels. Sans doute faut-il encore améliorer le système SIS, celui qui centralise les informations. Sans doute au sein même de l’espace pourrait-on faire mieux en matière de coopération judiciaire et policière.
Mais il représente vraiment un acquis, un marqueur de la construction européenne. Voilà pourquoi nous avons interrogé trois parlementaires européennes. Trois questions, sur l’importance de cet espace Schengen, sur les réformes éventuelles, sur un espace européen rêvé. Trois femmes, trois options. L’une a été garde des Sceaux, l’autre est vice-Présidente du Parlement européen, la dernière fut un juge d’instruction célèbre. Trois femmes, trois questions, trois compétences.
Première intervenante via l’ordre alphabétique, Rachida Dati membre du groupe du Parti Populaire européen L’ancienne Garde des Sceaux ne tient pas un langage particulièrement virulent à l’égard de l’espace Schengen. On peut et doit réformer parfois en améliorant simplement certains modes de fonctionnement mais pas remettre en cause de fond en comble ce qui est un marqueur de la construction européenne.
Sylvie Guillaume appartient au groupe Socialiste et Démocrate du Parlement européen. Cette élue, Vice-présidente du Parlement européen s’est toujours passionnée pour les libertés civiles. Et cet espace est pour elle l’un des signaux positifs qu’apporte l’Europe.
Eva Joly enfin. L’élue Europe Ecologie Les Verts craint pour cet espace de liberté. Et en bonne juriste rappelle que l’espace Schengen fait partie des traités européens. Le principe de libre circulation est un pilier de la construction européenne.
De fait, il paraît y avoir, à l’exception notable de l’extrême droite, une forme de consensus concernant l’espace Schengen. Et même un relatif affaiblissement des critiques à son égard. C’est plutôt vers une demande de politique vraiment commune en matière d’immigration et d’asile que l’on se tourne.
De même face aux questions de terrorisme, il semble que ce ne soit pas le principe même de l’espace qui soit remis en cause, mais bien plus les moyens que l’on se donne aux frontières extérieures de ce même espace. Avec également la question du PNR, des données passagers voyageant à bord des avions. En oubliant, soit dit en passant, les autres modes de transport, trains ou bateaux…
On semble donc réfléchir plus sereinement à l’avenir de l’espace Schengen, il faut dire que le temps des élections européennes est passé !
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