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L'Islande, de la quasi-faillite à l'euro?

Les négociations d’adhésion de l’Islande à l’UE sont entrées dans une phase décisive. A y voir la situation économique aujourd’hui, lui permettant de rejoindre la zone euro, difficile de croire qu’en 2008 le pays était en quasi-faillite.
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des Islandais protestent en 2010 contre leur gouvernement qu'ils jugent reponsable de la crise financière.  (REUTERS/Bob Strong)

Déjà membre de l’Espace économique européen et de l’Espace Schengen, l’Etat insulaire se prépare à faire un pas supplémentaire. Le 18 décembre 2012, Reykjavik et Bruxelles ouvraient six nouveaux chapitres thématiques de négociations : la libre circulation des marchandises, la fiscalité, la politique économique et monétaire, la politique régionale, l’environnement et les relations extérieures. Autrement dit, l’Union européenne estime que la santé économique islandaise est solide et qu’elle répond aux exigences communautaires. Et ce, après la débâcle financière.  
 
Cette île de 320.000 habitants a été le première touchée par la crise de 2008 à la suite de l’effondrement de ses banques, un mois après la faillite de Lehmans Brothers. Coup de grâce porté à un système bancaire, qui aspirait à devenir la copie conforme du système luxembourgeois. Le déficit budgétaire important que les finances publiques devaient supporter n’a fait qu’empirer la situation.    


 Des mesures efficaces
Pour limiter les dégâts, le gouvernement de droite libérale nationalise les trois banques du pays. Il les remplace par des banques de dépôt et s’évertue à protéger les épargnants.
 
Deuxième étape du sauvetage : le FMI entre en scène, fin octobre 2008, avec une aide de 2,13 milliards de dollars.
 
Grâce à ces mesures, l’économie islandaise ne sombre pas. La dévaluation volontaire de la monnaie, la couronne, contribue largement au redressement économique : le prix des produits d’exportation (poissons et aluminium) est devenu très avantageux pour les acheteurs. Résultat : l’Islande affiche une balance commerciale positive dès la fin 2008. De plus, le bas taux de change de la monnaie locale encourage le tourisme.
 
La signature d’un pacte de stabilité en 2009 (gel des salaires, résorption partielle des dettes des ménages, etc.) est la quatrième pièce maitresse de la reprise. « L’activité économique a cessé de se contracter à la fin de 2010 », notait alors l’OCDE.
 
Les Islandais encaissent
La population, elle, subit une cure d’austérité mise en place avec l’accord des partenaires sociaux.  En 2010, le chômage atteint un pique historique de 7,5%. Depuis, il est redescendu à  6,3%. Pour amortir la chute, les autorités prolongent la durée d’indemnisation du chômage, alors que bon nombre d’Islandais perdent leur épargne durant cette période.
 
L’endettement des entreprises et des ménages très élevé aggrave la crise. Si quatre ans après le début de la conjoncture, le taux d’endettement restait important, fin 2011, la croissance était de 2,1%. Le gouvernement compte dégager un excédent budgétaire d’au moins 3% du PIB en 2013 et l’accroître progressivement les années suivantes, toujours d’après l’OCDE.
 
La guerre du maquereau
Michel Sallé, spécialiste de l'Islande, souligne que la gestion de crise aurait été plus ardue si l’Islande avait été membre de la zone euro, la dévaluation de la monnaie aurait été impossible. Ceci étant, le pays n’est pas tout à fait sorti d’affaire. L’Etat n’a pas encore les liquidités suffisantes pour financer certains investissements nécessaires. C’est là où les subventions européennes pourraient jouer. D’où le débat qui agite l’Islande depuis le début des pourparlers entre Reykjavik et Bruxelles, en 2010 : pour ou contre l’euro ?
 
Bien que les négociations soient bien avancées, la monnaie unique compte de nombreux opposants, auprès de la population — au moins la moitié des Islandais sont contre l’adhésion — et auprès de la classe dirigeante.
 
Mais l’euroscepticisme n’est pas le seul obstacle à surmonter. Un chapitre dans la concertation pose problème : la pêche, notamment à la baleine que l’UE interdit. Bastion de l’économie islandaise, elle représentait près de 10% de son PIB, contre 5% pour l’UE.

 
«Si l'Islande devait rejoindre l'Union, elle permettrait à l'UE d'augmenter de 50% ses ressources provenant de la pêche. Il est de la plus haute importance pour le pays qu'il obtienne un juste traitement dans cette affaire», affirmait en 2011 le député Gauche-Vert Arni Thor Sigurthsson. 
 
Une fois dans la communauté, les autorités devront appliquer la politique commune.
En attendant, l’Islande n’en fait qu’à sa tête. En décidant d'augmenter considérablement ses quotas de pêche, l’île a déclenché en 2010, « la guerre du maquereau ». Aucune trêve n’est en vue pour l’instant. 

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