Cet article date de plus de neuf ans.

La BCE fait un geste envers la Grèce

La Banque centrale européenne va augmenter le montant des liquidités qu’elle octroie aux banques grecques. Une décision prise jeudi suite au vote par le Parlement grec des mesures draconiennes contenues dans l’accord de lundi. Les banques pourront sans doute rouvrir prochainement.
Article rédigé par Marie Viennot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Mario Draghi, le président de la BCE lors d'une conférence de presse à Francfort © Reuters/Kai Pfaffenbach)

C’est le signal que la BCE attendait. Le Parlement grec a voté mercredi le plan convenu lundi entre Athènes et les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro. La voie est ouverte pour qu’une négociation sur un troisième plan d’aide à la Grèce commence, les ministres des finances de la zone euro viennent de donner leur feu vert, et la BCE a donc décidé d’augmenter le montant des liquidités injectées dans le circuit financier grec.

Elles vont passer de 89 milliards d'euros à 90 milliards d'euros. L'augmentation est minimale comparée aux besoins du système financier grec, mais la BCE reverra ce montant en collaboration avec la Banque centrale de Grèce. Explications.

Pourquoi les liquidités sont-elles cruciales ?

Les liquidités désignent l’argent immédiatement disponible, que cela soit sous forme de cash ou sous forme électronique. Sans liquidités, une économie ne peut pas fonctionner, aucun échange, aucun achat, aucun paiement n’est possible. Quand tout va bien, on ne se rend compte de rien. Les banques commerciales ont un mini-stock de liquidités, et quand elles ont besoin de plus, elles l’empruntent à d’autres banques sur ce qu’on appelle le marché interbancaire.

Pourquoi les banques grecques dépendent de la BCE ?

Depuis la première crise grecque de 2010, plus aucune banque ne fait confiance aux banques grecques. Personne n’accepte de leur prêter, sauf, la Banque centrale européenne, dont c’est le rôle d’être ce qu’on appelle "le prêteur en dernier ressort". Mais depuis février, la BCE n’a plus confiance non plus dans le gouvernement grec, et par ricochet dans les banques grecques. Au lieu de leur prêter des liquidités de façon illimitée comme elle le faisait auparavant, elle leur octroie des liquidités par petit paquet, avec un montant maximum via un programme appelé ELA (Emergency Liquidity Assistance).

A lire aussi >   Pourquoi la BCE détient les clefs du Grexit 

Pourquoi le précédent montant était insuffisant ?

Depuis l’élection de Syriza en janvier, les Grecs ont eu tendance à retirer leur argent (soit des liquidités) de leurs comptes en banque plus qu’à l’accoutumé. Du coup, les banques grecques ont eu besoin de plus de liquidités que d’habitude (que cela soit pour sortir l’argent sous forme liquide, ou le transférer de façon électronique sur des comptes à l’étranger). 35 milliards d’euros sont ainsi sortis des banques grecques depuis janvier soit 20% des dépôts bancaires.

Au début, la BCE a augmenté le plafond de ces liquidités d’urgence et les a fait progressivement passer de 60 à 89 milliards d’euros. Quand Alexis Tsipras a annoncé la tenue d’un référendum, le conseil des gouverneurs s’est réuni en urgence un dimanche et a décidé de figer ce montant à 89 milliards d’euros. (voir la décision ici)

Entre temps, la panique a gagné de plus en plus de Grecs qui ont cherché à retirer leur argent des banques, créant un besoin de liquidités encore plus grand qu’auparavant.

Pourquoi les banques ont été fermées ?

Sachant que les 89 milliards d’euros de liquidités octroyés par la BCE seraient insuffisants par rapport aux besoins, le gouvernement grec a pris la décision de fermer les banques et de contrôler les capitaux. S’il n’avait pas pris cette décision, les banques auraient dû honorer tous les transferts et les retraits demandés, du coup à un moment elles n’auraient plus eu les liquidités nécessaires, et elles auraient dû se déclarer en faillite, créant d’autres problèmes encore.

Quand les banques vont-elles rouvrir ?

En augmentant le plafond de liquidité, la BCE ouvre la porte pour un retour à la normale mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. Si les banques rouvraient d'un seul coup, les Grecs pourraient de nouveau avoir envie de s'y ruer pour retirer tout leur argent, et les banques risqueraient de faire faillite, comme auparavant. Le retour à une situation normale sera nécessairement progressif. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.