La cas Timochenko met à mal les relations entre Bruxelles et Kiev
Condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir à propos d'un contrat gazier passé avec la Russie, considéré comme défavorable à son pays, l’égérie de la Révolution orange de 2004 est aussi visée par une série d'autres enquêtes judiciaires. Elle se dit victime d'un "lynchage" de la part de Viktor Ianoukovitch, qui l'a battue au second tour de l'élection présidentielle en février 2010.
Courant décembre, le commissaire à l'Elargissement européen Stefan Füle avait réaffirmé au président ukrainien la préoccupation des Européens "sur des cas récents de justice sélective en Ukraine, à savoir ceux de Ioulia Timochenko mais aussi d'autres personnes".
En novembre, Viktor Ianoukovitch avait joué la provocation en lançant qu'il se rendrait à Moscou le 19 décembre. Selon le quotidien ukrainien Segodnia, plutôt proche du pouvoir, le chef de l'Etat avait "décidé de snober" le sommet avec les Européens. Interrogé ensuite à ce sujet, il était resté vague sur la question: "Je n'ai dit à personne où je serai le 19 décembre. Je serai là où je devrai être.".
Une partie de la population soutient encore Timochenko
A Kiev, où s’est rouvert le 13 décembre son procès en appel sans elle - son état de santé est défaillant, selon Serhiy Vlassenko, son avocat -, un millier de ses partisans ont bloqué l’accès au tribunal aux cris de "Ioulia, liberté !" ; "Ianoukovitch en prison !"
Scandale en Ukraine : Ioulia Timochenko filmée de force dans sa prison
En 2004, l’opposition avait obtenu l'annulation pour fraudes de l'élection à la présidentielle de Viktor Ianoukovitch (candidat pro-russe et successeur désigné du président Leonid Koutchma), permettant aux pro-occidentaux Viktor Iouchtchenko (alors Premier ministre de Koutchma) et Ioulia Timochenko de devenir respectivement président et Premier ministre. Mais la politique chaotique des deux dirigeants et leurs dissensions - ils s’accusaient notamment de corruption - ont ouvert la voie à la victoire de Ianoukovitch à la présidentielle de 2010.
Des méthodes peu orthodoxes
Si la "dame de fer" de l'Ukraine est considérée comme pro-européenne, elle a pu parfois utiliser des méthodes dignes de l'époque soviétique pour arriver à ses fins.
Ingénieur-économiste, elle a dirigé une grosse compagnie énergétique ayant le monopole de l'importation de gaz russe en Ukraine, après l'indépendance du pays en 1991. Ce poste, obtenu grâce à Pavlo Lazarenko - ex-Premier ministre incarcéré aux Etats-Unis pour escroquerie et blanchiment d'argent - lui a valu des poursuites en 2001 en Ukraine et en Russie pour le versement présumé de pots-de-vin à des responsables du ministère russe de la Défense. Ces affaires ont été closes en 2005 dans des circonstances obscures.
Autant dire que dans ce pays où politique, business et corruption font bon ménage, la vertu présumée de la blonde opposante reste toute relative. Si les Occidentaux ne sont pas dupes, en exigeant sa libération, ils cherchent la voie d'un état de droit. Cela même s'ils émettent des doutes "sur sa mise en oeuvre", comme la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.