Brexit : les habitants du Kent entre amertume et soulagement
Trois jours après sa sortie définitive de l’Union européenne, comment le Royaume-Uni vit-il sa nouvelle vie ? franceinfo s'est rendu sur le port de Folkestone, petite ville côtière du Kent juste en face de la France, d'où sort le tunnel sous la Manche.
Pour l’instant, pas de files de camions bloqués par le retour des contrôles à Douvres. En attendant que cela se corse, les premiers jours d’après-Brexit s'écoulent en toute quiétude. Ken voit les côtes françaises depuis le bout de sa rue. Il sort tout juste du meilleur fish and chips de la ville. Pour cet habitant de Folkestone, rien n’a changé depuis le 1er janvier et la sortie définitive du Royaume-Uni de l'Union européenne : "Je n’ai noté aucune différence. A part les politiciens qui en parlent moins, ce qui est très bien d’ailleurs !" Comme 6 habitants sur 10 dans cette ville, Ken a voté Brexit il y a quatre ans : "C’est une bonne chose, dit-il, on peut être amis avec ses voisins sans coucher avec eux."
"C’est vraiment triste de couper les liens avec l’Europe"
Sur le quai du petit port de pêche, les promeneurs sont nombreux à braver le confinement et un froid polaire. Cornet de glace et laisse du chien à la main, Chris et Carlie sont de sortie : "C’est vraiment triste de couper les liens avec l’Europe. Mais vous savez les gens en avaient vraiment ras le bol, surtout que maintenant, il y a le Covid. Alors c’est un soulagement que le Brexit soit dernière nous."
Tony, lui, vend des fruits de mer depuis 50 ans. Il porte un bonnet rouge et des bottes en caoutchouc : "J’ai toujours été Anglais, comme vous, vous êtes Français. On retrouve son identité quand on quitte le groupe." Le retour des contrôles à Douvres, Tony est pour : "De toute façon, c’était trop facile de passer. Regardez en Europe, personne n’arrête aucun camion entre la France et la Turquie, alors qu’il peut y avoir n’importe quoi dedans."
Des pêcheurs contre les "bateaux-usines" venus des Pays-Bas
Sur l’une des rampes qui descend vers la rade, Dan bricole ce qui doit devenir son bateau de pêche. "On ne peut pas rivaliser avec les bateaux-usine qui arrivent des Pays-Bas ou d’ailleurs. Ils passent deux mois en mer. J’ai travaillé sur ces bateaux, je sais le mal qu’ils font." Dan poursuit et concède : "Parfois j’y retourne, parce que ça me fait un salaire. Mais je préférerais travailler ici, être pêcheur comme mon père l’était."
L’accord conclu à Noël n’est pas bon pour les pêcheurs britanniques. Dan le reconnaît, mais pas question de douter des bienfaits du Brexit : "Je suis optimiste. Nous avons des fermes, nous pêchons notre poisson. Les gens vont revenir vers les produits locaux." Un rêve d’autosuffisance contredit par la froide réalité des chiffres. Le Royaume-Uni produit moins de la moitié des denrées alimentaires consommées dans le pays.
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