Brexit : les réponses de François Lenglet à vos questions
A 52%, les Britanniques ont choisi le "Leave". L'éditorialiste économique de France 2, François Lenglet, a répondu aux questions des internautes de francetv info sur les conséquences du Brexit.
"Out !" Les Britanniques ont décidé, lors d'un référendum organisé jeudi 23 juin, de sortir de l'Union européenne. Quelles sont les conséquences de ce vote favorable au Brexit, alors que les Bourses européennes dévissent et que la livre anglaise chute ? François Lenglet, l'éditorialiste économique de France 2, a répondu vendredi aux questions des internautes de francetv info.
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"Les prix vont-ils augmenter si on s'approvisionne en Angleterre ?"
Réponse en deux temps du journaliste économique : "Ils ne vont pas augmenter, mais plutôt baisser (au moins à court terme) à cause de la chute du cours de la livre sterling. En revanche, à moyen terme, ils pourraient augmenter si des droits de douane sont rétablis entre le Royaume-Uni et l'Union européenne."
"Va-t-on continuer à verser des fonds européens à Londres ?"
Pour François Lenglet, le pays "ne percevra des fonds européens que le temps qu'il continue à contribuer au budget communautaire. Les deux devraient s'interrompre au même moment, probablement lorsque le traité de sécession sera signé."
"Les conséquences seront-elles positives pour l"industrie britannique ?"
"Il est très difficile de dire cela aujourd'hui, estime l'animateur de "L'Angle Eco". Tout dépendra des futurs accords commerciaux qui seront signés entre le Royaume-Uni et l'UE après ce Brexit. Ce processus s'évalue en mois, voire en années."
"Quel sera l'impact du Brexit sur l'économie française ?"
"Le Royaume-Uni est aujourd'hui l'un de nos premiers marchés avec une trentaine de milliards d'euros d'exportations chaque année, analyse François Lenglet. Si son économie ralentit, nos exportations là-bas devraient elles aussi ralentir, au moins dans un premier temps."
"Pourquoi les Bourses européennes s'effondrent-elles ?"
Faut-il s'inquiéter du dévissage généralisé des Bourses européennes ? Pas forcément, selon le journaliste spécialisé en économie, "parce que les marchés financiers sont comme les moutons de Panurge. Ils font tous la même chose en même temps et ne craignent rien davantage que l'incertitude. Mais la chute d'aujourd'hui ne dit rien sur la tendance des jours à venir." La Bourse de Londres a d'ailleurs moins baissé que celle de Paris. A croire que "les investisseurs britanniques ont les nerfs plus solides... Plus sérieusement, le marché parisien est désormais un petit marché, par sa taille, par son volume, ce qui le rend plus vulnérable aux fluctuations".
Et d'ajouter : "La chute d'aujourd'hui ne fait jamais que compenser la hausse des derniers jours. Pour l'instant, il ne s'agit pas d'un krach, mais d'une correction qui ne devrait pas avoir de conséquences économiques lourdes. En revanche, si les relations s'envenimaient entre Londres et l'Europe, ce serait une tout autre histoire."
"Pourquoi la monnaie britannique a-t-elle chuté ?"
"Elle a chuté pour les mêmes raisons que celles qui ont fait chuter les marchés financiers, c'est-à-dire la crainte de l'incertitude, pointe François Lenglet. Là aussi, il faut se souvenir que la monnaie britannique avaient connu une forte hausse. Même après la chute, elle reste à un niveau qui n'a rien d'alarmant. Pour l'instant."
"Quelles seront les répercussions sur les prix de l'immobilier à Londres ?"
Les logements à Londres peuvent atteindre des prix délirants. Quel impact aura le Brexit ? "On peut penser que le marché du luxe, c'est-à-dire pour les prix supérieurs à 2 millions de livres, va réagir fortement à la baisse. C'est un marché très volatil qui se retourne extrêmement rapidement. En revanche, les logements ordinaires sont moins exposés", pense François Lenglet..
"Les banques françaises basées à Londres vont-elles rapatrier leurs équipes ?"
A long terme, le journaliste "ne croit pas à la disparition de la finance à Londres. Les Britanniques feront tout pour la préserver, y compris avec des réglementations plus souples et des impôts plus attractifs. On peut très bien imaginer que Londres devienne une sorte de paradis fiscal."
"Quels pays pourraient profiter de ce Brexit ?"
"Difficile à dire aujourd'hui, s'exclame François Lenglet. Tout dépend comment seront réglées les futures relations économiques entre le Royaume-Uni et l'Europe, et si la construction européenne parvient à se redynamiser après un tel choc."
"Faut-il acheter des livres sterling ?"
Oui ! "Si j'avais à acheter des livres pour un voyage au Royaume-Uni, je le ferais aujourd'hui !", répond le spécialiste de l'économie.
"Le Brexit marque-t-il le début d'une crise financière comparable à celle de 2008 ?"
"Une crise financière est tout à fait envisageable dans les années qui viennent en raison de l'accumulation excessive des dettes dans les économies mondiales, et des politiques des banques centrales", déclare François Lenglet.
Avant de conclure : "Mais le Brexit signe plutôt une crise politique, à cause de la méfiance croissante des citoyens vis-à-vis de leurs gouvernants et des projets et idées qu'ils défendent. Chacune des deux crises a sa logique, il est vrai qu'elles peuvent se rencontrer. Mais n'excluons pas le bon scénario, c'est-à-dire que le Brexit soit le catalyseur d'une Union européenne rénovée pour les autres pays."
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