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Les Polonais de Grande-Bretagne, nouvelles victimes de la xénophobie post-Brexit

Trois Polonais ont été agressés ces dernières semaines à Harlow, au nord de Londres. L’un d’eux est mort. La police parle d’une agression "potentiellement xénophobe". Elle pourrait recevoir le soutien de policiers polonais pour faire face à une recrudescence des actes de violence contre la communauté polonaise depuis le Brexit.

Article rédigé par Antoine Giniaux, Cécile Mimaut
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La ville d’Harlow, à 50 kilomètre au nord de Londres,  abrite l’une des plus importantes communautés polonaises du pays, avec ses cafés et ses magasins. Le 27 août dernier, un habitant polonais y a perdu la vie, victime d’une agression "potentiellement xénophobe", selon la police. (RADIO FRANCE / ANTOINE GINIAUX)

Presque trois mois après le référendum du 23 juin dernier sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, les crimes de haine et les insultes racistes contre la communauté polonaise se multiplient.

A Harlow, à 50km au nord de Londres, plusieurs agressions ont eu lieu ces dernières semaines contre la communauté polonaise. Un ouvrier polonais de 40 ans est mort le 27 août à la suite d’une agression "potentiellement xénophobe", selon la police.

"Ils viennent, ils prennent les emplois, on leur donne des maisons, de l’argent et ils ne payent pas un centime à notre société"

Habitant d'Harlow

Franceinfo :

Cette violence était idiote, répètent les clients à la sortie du pub. La plupart désignent les fleurs et les témoignages laissés en mémoire de la victime. Mais ils sont tout de même nombreux à dire ouvertement que s’il y a eu un problème, c’est parce qu’il y a trop d’immigrés en Grande-Bretagne.

"Ça va se passer pareil un peu partout parce que les gens en ont assez ! On est sorti de l’Europe. C’est notre pays, et ils sont trop nombreux à venir. Il faut les arrêter !" lance un habitant du quartier. "Ils viennent, ils prennent les emplois, on leur donne des maisons, de l’argent et  ils ne payent pas un centime à notre société. Le contrôle des frontières, il est entre nos mains !" nous dit un autre. Et ce n’est pas un discours isolé.

"Cité idéale" au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la ville d'Harlow aujourd'hui avec ses galeries marchandes en partie délabrées.  (RADIO FRANCE / ANTOINE GINIAUX)

Les crimes de haine ont augmenté de près de 40% cet été au Royaume-Uni

68% des habitants d'Harlow ont voté en juin pour quitter l’Union européenne et depuis, dans le café polonais, rien n’est plus pareil témoigne Kaszia, 70 ans et ancienne réfugiée de guerre. "Je suis triste. Après toutes ces années, c’est comme une rupture familiale. Après ce Brexit, les gens se sont retournés contre nous. Ils avaient déjà du mal face à l’arrivée de tous les Européens de l’Est, mais ça leur a donné une raison de le dire plus ouvertement", raconte la vieille dame.

"Il y a beaucoup à faire. En premier lieu, dans l’éducation. Il n’y a pas assez de connaissance de la culture polonaise"

Ambassadeur de Pologne au Royaume-Uni

Franceinfo:

Dans l’ensemble du pays, les crimes de haine ont augmenté de près de 40% cet été par rapport à l’an dernier. En réaction, des représentants du gouvernement polonais de Varsovie sont venus il y a quelques jours rencontrer le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson pour lancer plusieurs chantiers. "Il y a beaucoup à faire. En premier lieu, dans l’éducation. Il n’y a pas assez de connaissance de la culture polonaise. La deuxième chose, c’est qu’on va coopérer en matière de sécurité. La police polonaise va envoyer des hommes pour aider la police britannique à créer plus de liens avec la communauté polonaise", explique Arkady Rzegocki, l’ambassadeur de Pologne à Londres qui, en parallèle, commence cette semaine une grande tournée à travers le pays. Première destination, Birmingham.

Les Polonais de Grande-Bretagne, nouvelles victimes de la xénophobie post-Brexit. Un reportage d'Antoine Giniaux

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