Licences de pêche : le maire de Boulogne-sur-Mer appelle au "bon sens" dans les relations franco-britanniques
À l'issue d'une réunion à l’Élysée sur le contentieux autour des licences de pêche entre la France et le Royaume-Uni, le maire de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier, a appelé ce vendredi sur franceinfo "la diplomatie européenne et française" à "engager les moyens du dialogue entre les deux pays".
Une réunion a eu lieu, vendredi 17 décembre dans la matinée à l’Élysée, sur le conflit autour des licences de pêche qui oppose la France et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron a reçu les représentants des pêcheurs français et des élus locaux, dont le maire de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier. Invité sur franceinfo, celui qui est aussi ex-secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, a salué que la France durcisse le ton, mais appelle à "mettre un petit peu de bon sens dans les relations" entre les deux pays.
franceinfo : La France va demander à la Commission européenne d'engager une procédure de contentieux post-Brexit contre le Royaume-Uni, afin d'obtenir les licences de pêche manquantes. Cela vous satisfait-il ?
Frédéric Cuvillier : C’est une des réponses qu'il faut apporter au gouvernement britannique, qui joue la montre et qui utilise tous les procédés dilatoires pour éviter de distribuer ce qui est attendu pour les pêcheurs européens et français. Donc il est important de montrer la détermination du gouvernement français et du président de la République, à la veille de la présidence par la France de l'Union européenne, mais aussi de faire que la discussion puisse se poursuivre afin que soient levés un certain nombre de litiges. Il s'agit d'exploitation, il s'agit de personnes et de pêcheurs, de familles et sur bien des cas, il y a une mauvaise volonté évidente qu'il faut savoir lever.
Ce n’est pas tant une discussion qui se poursuit qu'un ton qui se durcit ?
Bien sûr. Mais pour avoir une discussion ferme, il faut qu'il y ait des actes qui accompagnent le propos. Et le fait que nous partions sur un contentieux partiel, qui est une procédure prévue dans le traité sur le Brexit, est une mesure nécessaire, d'autant qu'il faut que nous puissions ajouter de l'espoir pour toute cette filière. Nous devons assurer le dynamisme et l'avenir pour l'ensemble de la filière pêche, la transformation des produits de la mer, de faire en sorte qu'il y ait des perspectives. On ne peut pas se résoudre à ce que nous ayons finalement une triple peine, avec l'interdiction des zones de pêche et la mise en sortie de flotte des navires, c'est-à-dire la mise à la casse du navire. Le président de la République a indiqué qu'il prendrait des initiatives en ce sens, qu’il faut accompagner par une nécessaire discussion. Les Britanniques sont nos voisins et ils le demeureront. Ils devront même être nos partenaires. Eux-mêmes subissent la décision du Brexit. C'est peut-être le moment de mettre un petit peu de bon sens dans les relations que nous devons construire à partir de cette réalité du Brexit.
Il reste 73 licences de pêche en attente, d’après la ministre de la Mer. Mais il y a aussi des licences qui ont été refusées ...
Oui, et il ne faut pas oublier ces pêcheurs. Ils n’auront pas de licence britannique. Donc il faut qu'il y ait des mesures de solidarité de l'Europe et du pays. Il faut un plan de modernisation. Il faut aider, accompagner, pour améliorer la compétitivité. Nous avons des navires qui sont extrêmement vieux, qui sont énergivores, qui consomment beaucoup et qui plombent la rentabilité de l'exploitation. Donc, il faut regarder au cas par cas. Il faut moderniser la flotte, la rendre plus efficace, plus sélective, plus durable, et que nous puissions avoir des filières qui soient des filières d'avenir, de formation professionnelle pour les jeunes pêcheurs, parce que nous avons besoin de cette activité économique.
Un horizon a-t-il été donné aux pêcheurs qui sont toujours en quête d'une licence pour pêcher dans les eaux britanniques ?
Nous sommes très dépendants de la bonne volonté de nos voisins. Ce qui a été indiqué, c'est qu’a priori, nous serions avant la fin de l'année dans cette démarche de la saisine du contentieux partiel auprès de la Commission. Dans le même temps, il appartient à la diplomatie européenne et française d'engager les moyens du dialogue et de ramener nos voisins au bon sens. Ce sont d’âpres négociateurs. En tant que ministre des Transports, de la Mer et de la Pêche, j'ai eu à mener de nombreuses discussions avec nos voisins et amis britanniques que nous connaissons très bien. Ils savent tenir un accord et finalement trouver les détails qui leur permettent de s'en affranchir. Donc, il faut les ramener à la raison et faire en sorte de leur démontrer qu'ils ont besoin d'avoir de bonnes relations avec l'Europe, qu'ils sont dépendants de ces bonnes relations, que ce soit d'un point de vue économique ou pas. Mais qu’ils ne peuvent pas s’arc-bouter sur des dispositions techniques qui vont au-delà même des textes signés.
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