Royaume-Uni : avec le Brexit, des enfants placés sont menacés de devenir sans-papiers, selon des associations
Les Européens vivant au Royaume-Uni ont jusqu'à mercredi pour s'enregistrer via le "Settlement scheme", et conserver ainsi leurs droits. Mais ces démarches sont bien plus complexes pour les enfants placés et les jeunes majeurs l'ayant été, faute de documents prouvant leur identité ou leur durée de résidence au Royaume-Uni.
Ils sont européens et vivent au Royaume-Uni, où ils ont été placés dans des foyers ou des familles d'accueil. Du fait du Brexit, certains de ces enfants placés risquent désormais de devenir sans-papiers, alertent les associations.
"Cela signifie qu'ils n'auront pas le droit de vivre au Royaume-Uni", alerte auprès de l'AFP Marianne Lagrue, une responsable de l'association Coram Children's Legal Centre, qui leur vient en aide. "Ils ne pourront pas accéder aux soins de santé gratuits, travailler, recevoir des allocations, louer un logement, apprendre à conduire et détenir un compte en banque." Ils risquent également, à 18 ans, d'être expulsés d'un pays où ils résident souvent de longue date.
Les règles migratoires ont été durcies pour les nouveaux arrivants de l'UE, mais ceux présents sur le sol britannique au 31 décembre 2020 peuvent conserver leurs droits, à condition de s'enregistrer au plus tard mercredi via le "Settlement scheme".
"C'est simple si vous avez un emploi, que vous vous débrouillez bien avec les technologies numériques et que vous avez tous vos documents", constate Azmina Siddique, de l'association The Children's Society. Pour les enfants placés ou les jeunes majeurs l'ayant été, les démarches sont bien plus complexes. Certains peinent à prouver leur identité, fournir les documents de résidence requis ou obtenir le soutien nécessaire à leurs démarches.
Jusqu'à 9 000 jeunes vulnérables
Selon le ministère de l'Intérieur, 3 660 jeunes vulnérables (jusqu'à 25 ans) ont été identifiés comme éligibles au statut de résident, et 67% d'entre eux avaient soumis une demande fin avril. Un chiffre largement sous-évalué selon les associations, qui évoquent jusqu'à 9 000 jeunes vulnérables. Difficile de connaître leur nombre exact, les nationalités des enfants placés n'étant pas recueillies au Royaume-Uni, où la carte d'identité n'existe pas.
L'association Coram cite l'exemple d'Adam, un petit Roumain de 4 ans né à Londres et séparé de sa mère. Il ne peut obtenir de passeport auprès de son ambassade – son père, dont le consentement est nécessaire, est inconnu – et les travailleurs sociaux peinent à prouver son lieu de résidence avant son placement.
Le ministère de l'Intérieur a promis de soutenir les associations et les autorités locales via un soutien de 22 millions de livres (25,6 millions d'euros) et d'accepter les demandes tardives s'il existe des "motifs raisonnables".
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