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Royaume Uni : les anti-Brexit en ordre dispersé

Dans ou hors de l’Union européenne ? Les Britanniques sont appelés aux urnes jeudi 12 décembre pour une "general election" cruciale. Le Royaume-Uni reste fracturé entre pro et anti-Brexit. Et si le camp du "leave" (partir) part uni à la bataille électorale, celui du "remain" (rester) s’inquiète de ses divisions.

Article rédigé par franceinfo, Louise Bodet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les manifestations anti-Brexit se multiplient à Londres dans l'attente du scrutin du jeudi 12 décembre 2019 (photo d'illustration du 9 septembre 2019). (TOLGA AKMEN / AFP)

Trafalgar Square, un soir de manifestation début décembre. Cette fois, les associations, syndicats et partis politiques appellent les Londoniens à s’opposer à la venue de Donald Trump, dans le cadre d’un sommet de l’OTAN. Le président américain est accusé de vouloir mettre la main sur le système de santé britannique, avec la complicité de Boris Johnson, Premier ministre honni, qui a promis de négocier un accord commercial avec les États-Unis, une fois le Brexit réalisé. Dans la petite foule de militants présents, on ne compte que des "remainers" ou presque. 

Obtenir un nouveau référendum

Les militants sont remontés à bloc, à quelques jours du scrutin, à l’image de Denise, "absolument passionnée par cette élection, et déterminée à jeter ce gouvernement dehors". Un peu plus loin, Kate, une sage-femme tout juste retraitée, assure connaître "beaucoup de gens, surtout des jeunes, qui font du porte à porte tous les soirs pour faire barrage aux tories". Mais tous les anti-Brexit ne sont pas aussi confiants. Thomas, engagé dans un groupe de pression pro-remain, espère toujours la tenue d’un nouveau référendum mais appréhende le résultat du vote : "La seule solution qui puisse nous permettre d’éviter le Brexit, c’est le référendum. Et la seule façon d’obtenir un référendum, c’est que les partis d’opposition aient la majorité, sinon il est clair qu’il n’y aura pas de référendum. Pour nous, ça peut être game over le 12 décembre".

Voter tactique 

Or, au Royaume-Uni plus qu’ailleurs, l’arithmétique politique supporte mal la division : le scrutin uninominal, majoritaire à un tour, qui prévaut pour la general election, n’offre en effet aucune seconde chance, contrairement au mode de scrutin à deux tours qui, en France, permet de choisir au premier tour et d’éliminer au second. La dispersion des suffrages est fatale, et face aux conservateurs qui font le plein des voix des brexiters, les partis pro-remain sont nombreux, explique Matt Bevington, chercheur au King’s College de Londres.

Le Parti travailliste, les Libéraux-démocrates, le Parti nationaliste gallois, le SNP écossais, le Green party…  Beaucoup de monde convoite les mêmes électeurs, et cela favorise les conservateurs, car leurs concurrents se prennent les voix les uns les autres.

Matt Bevington, chercheur au King’s College

à franceinfo

Faute d’accord électoral au sommet, il faut voter "tactique", exhortent les groupes de pression anti-Brexit comme Best for Britain. "Si vous attendez votre bus et qu’il n’arrive pas, vous n’allez pas laisser tomber votre voyage, explique le responsable presse de l’organisation, Ludo Sappa-Cohen. Vous allez prendre un autre bus qui vous rapproche de votre destination. Voilà, c’est ça le vote tactique".

Un tactical vote qui aboutit parfois à des attelages inédits : vendredi dernier, l’ex-Premier ministre conservateur John Major, fervent partisan du "remain", a appelé les électeurs à barrer la route au Brexit et à priver Boris Johnson de majorité, tout comme Tony Blair, son vieil ennemi travailliste.

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