La rigueur financière imposée par l'Europe nourrit l'extrémisme
«Ils ont décidé sans nous, continuons sans eux». Tel était le slogan de la campagne Syriza s’adressant à l’élite politique grecque partisane du plan d’austérité concocté par les bailleurs de fonds européens et le FMI. Syriza a obtenu 16,4% lors des élections législatives du 6 mai 2012.
Comme la Constitution grecque prévoit que chacun des trois premiers partis peut être appelé pour tenter de former un exécutif, Syriza, dirigée par Alexis Tsipras, pourrait remplir ce rôle, comme la Nouvelle démocratie (droite) et le Pasok (gauche).
Le temps est compté, car dès le mois juin, le futur gouvernement doit faire adopter par le parlement plus de 11 milliards d’économies supplémentaires pour 2013 et 2014.
Syriza ne réclame pas la sortie de l’euro, mais ses priorités sont la suspension du service de la dette, l'effacement d’une partie de la dette publique et l'ajout d’une clause pro-croissance dans le texte européen de l'accord.
Séisme politique
Autre force politique, qui fait une entrée au parlement grec, Chryssi Avghi (Fontaine dorée), un parti néo-nazi (6,9% des voix), alors qu’entre 1967 et 1974, le pays a connu la sombre période de la dictature des colonels.
Son programme, selon son leader Nikolaos Mihalikiakos : «Continuer notre combat pour une Grèce libre (… ) délivrée de l’esclavagisme du plan de sauvetage.»
La gauche radicale
Dans le reste de l’Europe, les mouvements de gauche radicaux sont le symptôme d’une montée du mécontentement contre les conditions économiques dégradées. Ils sont peu nombreux contrairement à l’extrême-droite et, surtout, leurs scores sont généralement très faibles.
En France, le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon (11,1% des suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle du 22 avril 2012) dénonce la construction «ultralibérale» de l’Union européenne. Il «veut s’affranchir» du traité «de Lisbonne» et Jean-Luc Mélenchon affirme sa solidarité avec le peuple grec.
Les positions du Front de gauche sont très proches de celles du parti allemand Die Linke qui est également dissident d’un parti socialiste traditionnel. Les 30 et 31 mars 2012, quelques mouvements européens venus d’Espagne, de Grèce, de Belgique, de Hongrie, et représentant de très faibles scores électoraux, se sont réunis à Bruxelles.
Des économistes dénoncent les politiques d'austérité
EcoAterres, le 9 mars 2012
L’extrême-droite en France
En ce qui concerne l’extrême droite, le Front national dirigé par Marine Le Pen a obtenu le score historique de 17,9% lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2012.
Il est résolument anti-européen. Pour la présidente du FN, la monnaie unique a vocation à disparaître. Elle s’oppose à l’aide aux autres pays européens et souhaite que la loi française reprenne le dessus sur les normes européennes.
Dans les autres pays européens, les courants d'extrême droite ont leurs propres lignes
Pays-Bas : le Parti pour la Liberté dirigé par Geert Wilders a fait chuter le gouvernement de Mark Rutte (coalition de libéraux et de chrétiens-démocrates). Il a estimé que les 16 milliards d’euros de réduction de la dette publique demandés par Bruxelles se faisait sur le dos des citoyens.
Celui qui a soutenu le gouvernement au Parlement sans en faire parti, a obtenu 15,5% des voix lors des législatives de 2010.
Finlande : le Parti des vrais Finlandais s’est déclaré nationaliste et anti-européen, et a refusé le plan d’aide à la Grèce. Son score de 19% en avril 2011 aux législatives a été ramené à 3,13% lors de l’élection présidentielle de janvier 2012.
Hongrie : Jobbik, le Mouvement pour une meilleure Hongrie, est passé de 14,7% aux élections européennes en 2009 à 16,67% des suffrages aux élections législatives de 2010. Il occupe 47 sièges au parlement. Ce mouvement est à l’origine de la création, en 2009, de l’Alliance européenne des mouvements nationaux. Ce groupe, présidé par Bruno Gollnisch, est reconnu comme un parti politique par le parlement européen.
Autriche : le Parti autrichien des libertés (15,62% aux présidentielles de 2010) est pour l’assouplissement de la loi interdisant l’existence de tout parti se réclamant du nazisme. En 2008, il recueille 18,01% des suffrages aux législatives. En additionnant le score de l’Alliance pour l’avenir de l’Autriche (10,98%), on obtient 29,7%, un chiffre tout près de celui du Parti social-démocrate.
Danemark : le Parti du peuple danois (3e force du pays avec 12,3% des suffrages) est à l’origine du rétablissement du contrôle aux frontières, mais à son arrivée au poste de Premier ministre, en septembre 2011, la socialiste Helle Thorning-Schmidt à mis fin à ce dispositif.
Royaume-Uni : le parti national britannique est eurospectique et xénophobe. Lors des élections législatives de 2010, il n’a remporté que 1,9% des voix contre 6,2% aux élections européennes de 2009.
Allemagne : le Parti national-démocrate décrit comme néo-nazi à obtenu 1,5% des voix aux législatives en 2009. Actif dans les régions, il est l’objet d’une procédure en vue de l’interdire après une vague d’assassinats racistes ces dernières années.
L’Europe du Sud est dans l’ensemble résistante à ces formations nationalistes
En Espagne, où la dictature de Franco n’a pas disparu de la mémoire nationale, le Movimiento social republicano a fait 0,1% des voix en 2009. Au Portugal, la situation est de même nature.
En Italie, la Ligue du nord a baissé à 8,3% des suffrages en 2008. Elle est au cœur d’un scandale de corruption touchant son président, Umberto Bosi. Un autre parti Alternative sociale est dirigé par Alessandra Mussolini, la petite-fille du dictateur, alors que vient d’apparaître Casapound, un parti dont le langage semble dépolitisé.
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