Lampedusa : où sont les "funérailles nationales" ?
A genoux, face aux rangées de cercueils, Enrico Letta avait semblé sans voix, presque ému aux larmes. C'était il y a presque deux semaines, à l'aéroport de Lampedusa. Accompagné de José Manuel Barroso, président de la commission européenne, qui avait déclaré qu'il n'oublierait "jamais la vision de ces cercueils ", le Premier ministre italien avait alors annoncé "des funérailles d'Etat pour les victimes" .
Une cérémonie symbolique
Mais ces funérailles nationales pour les 366 victimes n'auront pas lieu. Entre-temps, environ 200 d'entre elles ont été inhumées dans des cimetières d'Agrigente et de ses environs, sans la présence des autorités nationales.
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Jeudi, le ministère italien de l'Intérieur a ainsi annoncé une cérémonie de commémoration, le lundi 21 octobre, en présence des représentants du gouvernement, mais en l'absence des dépouilles.
La cérémonie de lundi après-midi, à laquelle participeront le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano, la ministre de l'Intégration Cécile Kyenge, ainsi que les ambassadeurs des pays d'origine des victimes, sera donc uniquement symbolique.
Le maire de Lampedusa boycotte la cérémonie
A Lampedusa, les habitants ont été indignés par une telle décision. Le maire de la ville Giusi Nicolini, a du coup annoncé qu'elle ne participerait pas à la cérémonie à Agrigente.
"Je viens d'apprendre par hasard que l'on est en train d'enterrer les cercueils de Lampedusa. Sans funérailles nationales ou régionales ", a commencé par tweeter la maire de Lampedusa.
"Je suis très triste que cette commémoration, bien que tardive et dédiée à des corps déjà enterrés n'est pas lieu à Lampedusa (...) la communauté de mon île ne mérite pas de ne pas être impliquée et de devoir se conformer à une décision qui a déjà été prise ", a commenté Giusi Nicolini.
Cécile Kyenge sommée de se justifier
"Il faut comprendre avant tout que pour organiser des funérailles d'Etat, il y a des questions techniques et bureaucratiques. Nous somes donc en mesure de faire une cérémonie officielle en mémoire des victimes ", a expliqué la ministre de l'Intégration, justifiant la démarche du gouvernement.
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Selon eux, les cadavres devaient être enterrés rapidement pour éviter que les corps ne propagent des maladies. Mais les habitants regrettent de ne pas pouvoir se recueillir une dernière fois face aux dépouilles des morts de Lampedusa, qui ont donc été enterrés dans des communes siciliennes. Dans ces villes, les cercueils ont été enterrés et recouverts de fleurs sous les yeux des habitants.
Les réfugiés ont expliqué à la chaîne d'information en continu SkyTG24 qu'ayant perdu des proches dans le naufrage, ils attendaient depuis plus de quinze jours de pouvoir leur rendre hommage. Des manifestations ont également eu lieu. "Excusez-nous de ne pas être morts noyés ", pouvait-on lire sur certaines banderoles.
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