Le général croate Gotovina acquitté par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
A Zagreb, le verdict a été accueilli dans la joie. Pour la Serbie, le TPIY a "perdu toute crédibilité".
EUROPE – Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a acquitté, vendredi 16 novembre, le général croate Ante Gotovina. Il était inculpé de crimes de guerre commis contre des Serbes de son pays lors de la guerre de Croatie, entre 1991 et 1995. Le militaire avait été condamné à vingt-quatre ans de prison, en première instance. "La chambre d'appel (...) ordonne la libération immédiate d'Ante Gotovina et Mladen Markac", a déclaré le juge Theodor Meron lors d'une audience publique à La Haye (Pays-Bas), où siège le TPIY. Le général croate Mladen Markac, condamné à dix-huit ans de prison en première instance, a lui aussi été acquitté. Les deux hommes doivent quitter la prison dès vendredi après-midi.
Le TPIY accusait les généraux d'être responsables de la mort de 324 civils ou soldats ayant déposé les armes. Ils étaient aussi accusés du déplacement par la force de 90 000 Serbes de la Krajina, située à l'est de la Croatie, durant l'opération "Tempête", en 1995, qui avait pour but la reconquête de cette République serbe autoproclamée. Mais la chambre d'appel a estimé que la condamnation des deux hommes avait été basée sur le raisonnement "erroné" selon lequel tout tir d'artillerie tombant à plus de 200 mètres d'une cible militaire était une attaque contre des civils.
Joie en Croatie, colère en Serbie
Considérés dans leur pays comme des "héros" de l'indépendance, le verdict a été accueilli par des larmes de joie en Croatie et à La Haye. Les milliers de personnes rassemblées sur la place centrale de Zagreb, la capitale croate, pour regarder le jugement retransmis en direct sur un écran géant ont laissé exploser leur soulagement ou ont éclaté en sanglots, tout comme les quelques supporteurs des deux généraux rassemblés dans la galerie du public du TPIY. Dans la foule, certains brandissaient le drapeau croate alors que des anciens combattants en uniforme portaient des drapeaux de leurs unités du temps de la guerre.
Le ton était totalement différent en Serbie. Le TPIY a "perdu toute crédibilité" a affirmé Rasim Ljajic, ministre serbe également chargé de la coopération avec le TPIY. Selon lui, "la décision d'aujourd'hui est une preuve de justice sélective qui est pire que toute injustice". "La décision en appel nous fait reculer en arrière et l'image du tribunal au sein de notre opinion publique sera encore pire" à l'avenir, a-t-il ajouté.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.