Le juge vedette espagnol sera jugé pour prévarication dans son enquête sur les disparus du franquisme
Un magistrat du Tribunal suprême, Luciano Varela, va juger Baltasar Garzon pour viol de la loi d'amnistie générale sur les crimes commis sous Franco considéré comme un manquement grave à ses fonctions ('prévarication').
Garzon voulait instruire un dossier sur les disparus du franquisme, baptisé "la cause des fosses" en Espagne.
Critiqué pour aimer faire la Une des journaux, Baltasar Garzon est le juge qui a fait arrêter l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet à Londres le 16 octobre 1998, mis hors-la-loi le bras politique d'ETA (le parti indépendantiste radical Batasuna) en 2003 et traqué d'ex-tortionnaires des dictatures sud-américaines des années 1960-70.
Entre "Mémoire historique" et Amnistie générale
Et pourtant, malgré un tel CV et son principe de défense de la "justice universelle", une partie des Espagnols n'aime pas que l'on remue l'histoire du franquisme. Beaucoup estiment que c'est une période révolue qui n'a pas à être réveillée. Par honte ou par colère, c'est selon. On se souvient par exemple de la manifestation de nostalgiques du franquisme suite au déboulonnage nocturne d'une statue du "Caudillo" Francisco Franco à Madrid en mars 2005.
Déboulonnage qui faisait suite à l'adoption par le Parlement espagnol fin 2007 de la loi dite de "Mémoire historique", visant à réhabiliter les victimes, des deux bords, de la guerre civile espagnole (1936-1939) et de la dictature. Cette loi permet notamment de financer l'ouverture de fosses communes comme le souhaitent de nombreuses familles de victimes.
Cette volonté d'oublier découle de la loi d'Amnistie générale de 1977, base de la Constitution espagnole de 1978. Cette loi a été pensée pour faciliter la transition démocratique de l'Espagne en associant les adversaires politiques d'autrefois (franquistes et républicains). On peut assimiler cette loi à une sorte de pacte d'oubli.
La droite et ses médias accusent donc le juge Garzon de rouvrir inutilement de vieilles blessures. Le parquet lui a reproché de se lancer dans une "inquisition générale" échafaudée sur un château de sable juridique. Garzon a du jeter l'éponge. L'adage se vérifie une nouvelle fois, nul n'est prophète en son pays.
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