Le président de la Banque mondiale a critiqué Angela Merkel en déplorant son absence de vision sur la crise actuelle.
Ces derniers jours, l'Allemagne et la France n'ont pas réussi à s'accorder sur la recapitalisation des banques européennes. Ils devront en débattre dimanche à Berlin, avec la nécessité de trouver un terrain d'entente.
La Commission européenne a indiqué vendredi qu'elle présenterait dans les jours à venir des propositions pour une recapitalisation coordonnée qui doit permettre de rassurer les marchés, inquiets des capacités de résistance du système bancaire européen face à la crise financière et économique. Les divergences entre les deux puissances française et allemande portent sur un recours aux fonds communautaires (FESF), à hauteur de 100 à 200 milliards d'euros, selon une estimation du FMI.
Pour l'Allemagne, l'appel au FESF, qui a des capacités d'intervention de 440 milliards d'euros, ne doit se faire qu'en dernier ressort, si les banques n'ont pu se financer sur les marchés et si leurs pays d'origine ne sont pas en mesure de leur apporter des fonds publics. Recevant le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, Angela Merkel a réaffirmé que le FESF ne devait être activé que "si un pays ne peut s'en sortir seul".
"Il y a plus de vingt ans quand le bloc de l'Est s'est effondré, le chancelier Helmut Kohl avait développé une vision sur comment les choses pourraient évoluer. Quelque chose de semblable fait cruellement défaut aujourd'hui, et plus cela dure, plus cela coûte de l'argent et plus les possibilités de solutions se réduiront", a déclaré M. Zoellick à l'hebdomadaire économique WirtschaftsWoche à paraître lundi.
"Jusqu'à présent, les Européens ont tenté de régler leurs problèmes avec des aides de liquidités. Je ne veux pas critiquer cela, mais cela ne règle pas le problème. Cela ne fait que gagner du temps", a ajouté M. Zoellick qui a rencontré Angela Merkel jeudi à Berlin.
A Bruxelles, une source proche des discussions a indiqué qu'une option envisagée pour la recapitalisation des banques serait que les pays de la monnaie unique "accèdent de manière conjointe au FESF". Cette idée, qui a le soutien de la France mais pas de l'Allemagne, permettrait d'éviter "l'effet stigmatisation pour un pays en particulier" et d'afficher une force de frappe importante vis-à-vis des marchés, a indiqué la source.
L'élection présidentielle approche en France, l'Italie traverse "une zone de turbulences" et la Grande-Bretagne ne fait pas partie de la zone euro, "d'où alors doit venir la solution ?" a lancé Zoellick à l'adresse de l'Allemagne, qui "joue déjà un grand rôle en Europe du fait de sa taille". Au sujet des réticences de la population allemande à payer pour d'autres pays, il a estimé que les contribuables allemands "regrettent avant tout que les dirigeants politiques ne leur disent pas dans quelle direction doit aller l'Europe". Selon lui, "la question fondamentale est de savoir si les citoyens et les gouvernements en Europe veulent bâtir une union politique et financière, pour compléter l'union monétaire".
De source diplomatique à Bruxelles, on indique que la position de la France est motivée par le souci de préserver la note AAA de sa dette, par crainte qu'elle ne soit sous pression en cas d'apport aux banques de fonds publics importants. "L'essentiel pour la France c'est son triple A et elle pousse en conséquence à l'utilisation du FESF (pour les recapitalisations)", a dit cette source.
Paris n'entend pas par ailleurs que les débats actuels entre Européens soient limités à cette seule question. "Ça fera partie des sujets de discussions mais le sujet essentiel c'est la Grèce et la zone euro, puisque les banques, c'est une conséquence" de la crise actuelle, a dit le ministère français de l'Economie à propos des entretiens Sarkozy-Merkel de dimanche.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.